critique de Le Dahlia Noir
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Si sa plume est noire, son encre dépeint avec des couleurs saturées un univers glauque et glamoureux à la fois, où corruption, meurtres, sexe et dollars sont les rouages d'une ville fascinante et dangereuse, sorte de femme fatale urbaine. Après le luxueux L.A Confidential et la série B Dark Blue, arrive l'adaptation de son best-seller, The Black Dahlia, ouvrage basé sur le meurtre sadique et mystérieux d'une starlette qui était venue chercher fortune et gloire à Hollywood; un fait divers dont l'importance dans l'oeuvre et la vie de l'écrivain prend tout son sens, une fois que l'on sait que la mère d'Ellroy eut un destin tragique similaire. Si quelques noms s'imposaient quant à adapter ce projet visuellement et narrativement ambitieux on pense notemment à Michael Mann et Ridley Scott pour leur vision "noire" de Los Angeles c'est à Brian de Palma qu'incombe cette tâche, un choix tout autant approprié quant on connaît le penchant du cinéaste pour des histoires tortueuses, un visuel glacé et une continuation logique, après justement l'exercice de style sur le genre du film noir qu'était Femme Fatale. Et justement là où le bas blesse thématiquement tout du moins est que justement le Dahlia Noir est affecté d'une certaine redondance, construit autour de l'emblématique figure de la femme fatale, déjà pleinement étudié dans son opus éponyme précèdent. On le sait, chez De Palma la femme est non seulement une créature forte physiquement et mentalement mais aussi un prédateur, et de Dressed to Kill à Carrie en passant par ces deux derniers films, De Palma semble vouloir confirmer une idée que ses spectateurs ont déjà assimilée, et ce, depuis une trentaine d'années. Cette fascination pour la femme, belle et fatale à la fois, De Palma la clame haut et fort, par le biais d'un de ses procédés habituels, l'image, le personnage interprété par Josh Harnett avec justesse quoiqu'en pensent quelques critiques bornés , subjugué par les films de l'aguicheuse Dahila, n'étant autre que le reflet du réalisateur. Un dédoublement du personnage qui s'adjoint d'une troisième dimension, lorsque l'on sait que Harnett incarne aussi Ellroy, dans sa quête de découvrir le meurtrier de sa mère. Les autres points de référence de l'univers de De Palma sont son côté visuel, sa dextérité - en particulier les scènes de la découverte du corps et de l'escalier et ses hommages à Hitchcock une Scarlett Johansson sexy en haut des escaliers contrastant avec la présence menaçante d'un Norman Bates travesti dans Psycho ainsi que son goût pour la pornographie et le voyeurisme. Là où De Palma va peut-être trop loin, au risque d'aliéner une partie de ses spectateurs est dans la surenchère de la scène finale, qui fait référence à un classique du cinéma trash comme Mommy Dearest. De Palma semble être ici un choix trop sophistiqué pour une histoire déjà complexe comme le Dahila Noir et l'on aurait préféré le De Palma plus formel de Carlito's Way plutôt que de Femme Fatale, pour rendre un hommage à sa juste valeur à ce précieux Dahila. |
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