Paul Verhoeven (Basic Instinct, Showgirls, Robocop, Starship Troopers) est en quelque sorte la mauvaise graine d'Hollywood. Seul ou avec son comparse, le scénariste Joe Eszterahas, il s'est toujours posé comme l'anti-thèse d'Hollywood à travers ses films de série B provocants voire déviants aux budgets généreux. Sa version du thème de l'invisibilité à grands renforts d'effets spéciaux était donc de bonne augure. L'illusion serait pourtant de courte durée.
Kevin Bacon incarne un savant génial mais mégalomaniaque qui décide de tester sur lui-même sa formule d'invisibilté. Son univers se résume à son groupe de chercheurs, dont Elizabeth Shue, son ex amie pour laquelle il a toujours une obsession. L'homme est froid et cynique et si il a le respect de ses pairs d'un point de vue scientifique, il est loin de faire l'unanimité en tant qu'être humain. Et l'invisibilité qui lui donne tout à coup le pouvoir de faire ce qu'il veutcomme Dieuplus que de satisfaire son égo, laisse tout à coup échapper le mal qui sommeille en lui.
L'histoire prenait donc un bon départ. Si le thème de l'invisibilité a toujours était traité d'une manière positive, il est clair que tout un chacun a un jour ou l'autre fantasmé sur les possibilités que l'invisibilité apporterait. A quoi serions-nous capables si nous ne pouvions être ni vus ni attrapés est une question dont la réponse est loin d'être certaine. Et c'est exactement l'angle que Verhoeven choisit, bien que son héros ait dés le départ une prédisposition malsaine. Si il commence ainsi par s'amuser de son don, il sombre rapidement dans un voyeurisme et une violence qui témoigneront de la folie dans laquelle il glisse. Et le film est vicieux du fait qu'il soumet le spectateur aux même désirs et tentations que son personnage principal et le confronte à ses propres démons. Hélas, tout s'arrête là. Là où le film aurait pu s'attarder sur les conflits psychologiques du savant et aller au bout de sa réflexion, il prend soudainement un tournant action-suspense insupportable sorti tout droit d'Alien! La deuxième partie vient donc justifier un budget important et les fins de blockbuster du film qui vient vulgairement aguicher les masses estivales en mal de gros frissons. On a ainsi droit à un enchaînement d'explosions, de sang et de chasses à l'homme dans des couloirs de laboratoires ressemblant étrangement à un vaisseau spatial. Des passages tellement indigestes et grotesquescomptez combien de fois le méchant que l'on croyait mort réapparaitqu'ils anihilent la bonne idée de départ et coulent complètement Hollow Man.
Si Verhoeven a toujours donné dans la série B, la plupart de ses films ont toujours eu au moins un edge grace à sa vision trés personnelle et son goût de provocation (sexe, violence et vices en tous genres) qui s'opposait aux productions aseptisées d'Hollywood. Si la provocation est certes présente dans Hollow Man, à l'image de son héros qui succombe à son pouvoirl'invisibilitéPaul Verhoeven succombe à son pouvoirl'argentpour nous offrir un spectacle qu'il a toujours dédaigné. On est loin du mordant de La Chair Et Le Sang, Splatters et tous ses premiers films européens.
Quant aux acteurs, si Bacon a naturellement un côté vicieux qui sied au personnage (et oui il nous dévoile généreusement son anatomie comme d'habitude), Elizabeth Shue est presque aussi convaincante et charismatique en scientifique que ne l'était Denise Richards dans The World Is Not Enough.
Hollow Man est un film où seuls les effets spéciaux font parfois illlusion.