Avec : John Cusack, Ray Liotta, Amanda Peet, John Hawkes
Scénario : Michael Cooney
Titre Original : Identity
Durée : 1:59
Pays : USA
Année : 2003
Site Officiel : Identity
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Au premier abord, on dirait un film d'horreur moyen, car cela y ressemble vraiment, mais Identity se hisse finalement, non sans peine, au rang de "film à voir" plutôt que de "série B de location". Écrit et réalisé par James Mangold, (Une vie volée ; Kate & Leopold) Identity est un concept génial traité d'une bien piètre manière.
L'intrigue est suffisamment simple: une nuit d'orage, dix étrangers se retrouvent comme par hasard dans un motel en plein Nevada. L'un après l'autre, ils succombent à un tueur mystérieux mais assez sympa pour laisser une clé après chaque meurtre, ce qui est bien pratique pour compter le nombre de victimes. Je ne savais pas si je devais le prendre comme un affront (comme si je ne pouvais pas compter le nombre de victimes moi-même) ou si il s'agissait d'un moyen utilisé par les cinéastes pour empêcher que le public ne s'endorme. L'intrigue des 45 premières minutes est aussi banale que galvaudée, et le film ne doit son salut qu'au coup de théâtre final, qui révèle le lien entre toutes les victimes ainsi que la raison pour laquelle elles ont atterri au même endroit cette nuit-là-raison différente de ce que laissait penser la bande-annonce.
Au sein du groupe, c'est le personnage de John Cusack (ex-flic reconverti en chauffeur de limousine) qui reste le plus crédible et qui permet aux autres personnages de conserver leur calme et leur raison pendant tout le film. C'est aussi le seul qui recueille la sympathie des spectateurs. Ray Liotta surjoue dans la peau du flic qui soupçonne tout le monde, et Amanda Peet incarne une prostituée au grand cœur, qui rêve de raccrocher et de prendre un nouveau départ en se consacrant à ses orangers. La meilleure performance est probablement celle de Pruitt Taylor Vince, dont le personnage, Malcolm, n'apparaît qu'aux deux tiers du film, amenant avec lui la clé du mystère.
C'est tout à l'honneur de James Mangold de s'essayer au thriller, mais on peut dire qu'il s'est bien planté. Sans la fin à la Sixième sens, le film serait aussi vivant que n'importe laquelle de ses victimes. Pour montrer qu'il sait ce qu'il fait, Mangold multiplie les effets classiques de films d'horreur : le point de vue du tueur qui surprend par derrière la victime sans défense; la fille coincée dans la salle de bains dont la porte, sous les coups du tueur, ne résiste que grâce à un faible verrou etc. Par moment, le suspense est bien présent, et la musique est là pour rappeler au public quand il faut avoir peur.
Cela dit, dans une situation comme celle-ci, on ne peut pas en vouloir au réalisateur, car il n'est qu'un instrument qui tente d'interpréter visuellement un scénario. En gros, on peut dire que le script d'Identity est sous-développé et manque de fond jusqu'au retournement de situation final, où tout s'explique. Même à ce moment-là, le personnage de Malcolm est toujours sous-exploité, ce qui laisse les spectateurs sur leur faim, voire complètement perdus dans certains cas. Par son utilisation trompeuse de la bande-annonce, le film donne l'impression d'être une chose, puis se révèle sous un tout autre jour. Cette manière de berner le public vaut à elle seule le détour, mais si l'on retire le coup de théâtre final et le personnage de Malcolm, il ne reste d'Identity qu'un film d'horreur médiocre doté d'un casting exceptionnel.
Identity vaut essentiellement la peine d'être vu pour la manière dont il manipule le public et sa fin surprenante. On lui reprochera surtout son manque de psychologie ainsi que le peu de profondeur et d'attention accordées au personnage de Malcolm. Concrètement, il s'agit de l'histoire d'un homme aux prises avec ses démons intérieurs, traitée avec plus ou moins de succès ? Le débat est ouvert. Alors que le public assiste à cette lutte (et au triomphe, peut-être), la fin du film laisse au spectateur un goût de trop peu et impose un gros effort de remémoration pour digérer la conclusion.