Le Sixième sens
Réalisé par Night Shyamalan
The Sixth Sense est un inattendu petit film psychologique et intelligent qui vous absorbe pour ensuite mieux vous manipuler pour votre plus grand plaisir.
Pourquoi inattendu? Parce que le film est mené par Bruce Willis qui ne nous a pas habitué à ce genre de film. C'est tout à son honneur, puisqu'en aposant son nom en haut de l'affiche, il a donné au film une chance qu'il n'aurait pas eu avec un - voyons voir - Eric Roberts dans le rôle titre.
The Sixth Sense a été écrit et dirigé par Night Shyamalan, un jeune réalisateur qui pour un premier essai a fait mouche. Bruce Willis interprète un psychologue pour enfants dont la mission est d'aider une jeune garçon (Haley Joel Osment) qui voit des fantômes, et par la même trouver rédemption pour un ancien cas où il avait échoué. Le premier atout du film est
d'utiliser une des hypothèses communément acceptées quant à l'existence de fantômes au lieu de jouer la carte de l'horreur et des effets spéciaux, ce qui renforce le sentiment que l'histoire est plausible. Le fil établit aussi un rythme lent qui construit la narration tout en insérant avec parcimonie quelques indices. L'utilisation d'éclairages sombres et de couleurs délavées renforce le rythme afin de concentrer votre attention sur la psychologie et non sur des cadrages branchés ou des effets spéciaux.
De même, les personnages sont intéressants et leur importance va bien au-delà de leur simple apparence. Ils sont connectés sans le savoir et leur interaction permettra de résoudre le puzzle. Si le personnage de Willis rappèle celui de Pacino dans Heat (au plus la mission professionelle avance au plus la vie privée se désagrège), le film est assez malin pour ne pas prendre les même direction ou message. Enfin, le script est assez intelligent pour nous manipuler sans avoir recours à des trucs ou artifices. Le fait qu'aucun truc n'est utilisé est ce qui rend la manipulation d'autant plus jouissive.
Le casting est un autre atout. Haley Joel Osment a un réel talent, et puisqu'il porte The Sixth Sense sur ses épaules il n'avait pas le droit à l'erreur. Heureusement, Haley Joel Osment n'est pas Jake Lloyd et avec son air de jeune Edward Norton on devine déjà qu'il nest pas un simple chimpanzé. Il est toujours précis dans son jeu et joue comme un adulte au lieu de tenter d'être mignon. Le personnage principal du film a un ton adéquat. Dans ce rôle, le jeu de Bruce Willis est avec surprise sobre et plus intelligent que vous pourriez croire. Il sait parfaitement rester en arrière et en même temps créer une présence qui n'est pas si effacée.
Il marche sur des oeux, ce qui est nouveau dans son répertoire, et témoigne d'une réelle affection pour ce film qu'il ne veut pas détruire avec sa stature de porte-flingue. Le personnage de Toni Collette
est aussi trés bien joué. A mille lieux de son personnage amusant de Muriel ou de la droguée de Velvet Goldmine, elle interprète une mère célibataire assumant son rôle avec justesse. Et commune à ces trois acteurs est l'émotion qu'ils apportent au film.
Evidemment le film est loin de faire un sans faute. La scène où Osment tire excalibur dans le rôle d'Arthur pour la pièce de théatre de l'école est trop évidente dans son symbolisme. De même le passage avec la jeune fille empoisonnée est peu réaliste (comparée au reste du film), trop facile et utilisé pour soigner les problèmes du garçon un peu trop rapidement. Il conclut le film brutalement, en contradiction avec le rythme lent. Enfin les fins mielleuses choquent aussi avec l'ambiance du film et renforcent le sentiment d'une fin bàclée. Toutefois ces problèmes semblent plus témoigner des péchés de jeunesse d'un jeune réalisateur que d'une tentative commerciale démagogique.
Plus intelligent que la moyenne et émouvant, Le Sixième Sens est un sens que vous ne devriez pas manquer.
Fred Thom
Le Village
Signes
Incassable
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