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Irréversible













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Irréversible
Réalisé par Gaspar Noé

Avec : Monica Bellucci, Vincent Cassel, Albert Dupontel, Philippe Nahon
Durée : 1:39
Pays : France
Année : 2002
Attendu, redouté, le second long métrage de Gaspar Noé ne peut laisser indifférent. Ultime incarnation artistique ou provocation gratuite ? Divisée, notre rédaction l'est tout autant. Si le film pêche à bien des égards, il n'en est pas moins un objet digne de la curiosité suscitée. La critique n'étant - elle - pas irréversible, Plume Noire vous offre une critique 2-en-1, l'une pour et l'autre contre le film. A vous de juger.

[ POUR ]        [ CONTRE ]

Avec Irréversible, Gaspar Noé assoit sa réputation de provocateur, gagnée avec seulement un moyen et un long métrages. Il alimente également la thèse selon laquelle la qualité d'une œuvre de cinéma tient plus par sa mise en scène que par l'inventivité du scénario. En l'occurrence, le script de son second opus se résume en trois pages : ils sont jeunes, beaux et riches, ils s'aiment ; elle attend un enfant mais ne le lui a pas encore annoncé ; ils se rendent à une fête, se disputent pour une broutille ; partie seule, elle tombe sur un voyou qui la viole ; il se venge. Point final. On pourrait crier au scandale devant un scénario aussi famélique dont les détails ne parviennent qu'à grossir lourdement le trait (était-il nécessaire de savoir qu'Alex est enceinte pour légitimer la vengeance de Marcus ?). Pourtant, dès le générique d'ouverture, Irréversible annonce la couleur. Là où il prenait littéralement le spectateur en otage dans Seul contre tous, lui interdisant tout recul face à un personnage qui l'assaillait de sa logorrhée oppressive, Noé le caresse cette fois-ci à rebrousse-poil. Dès les premiers plans, le réalisateur déroule une machine implacable : sa mise en scène, à la structure narrative déroutante.

Dans une cellule, deux détenus conversent : l'un (le boucher de Seul contre tous) raconte à l'autre pourquoi il a fini derrière les barreaux. Des sirènes hurlent soudain au dehors. La caméra prend alors son envol, plane au-dessus de gyrophares lançant des lumières vertigineuses sur une agitation à l'entrée d'une boîte de nuit réservée aux homos : le Rectum. Pendant plus d'un quart d'heure, la première section du film prend alors à la gorge, entraînant le spectateur dans une véritable descente aux enfers. Sentiment de claustrophobie sans espoir de rémission. A l'écran, la caméra décrit des courbes et des trajectoires insaisissables, se cogne aux murs, capte une étreinte, saisit des râles étouffés, se laisse éblouir par des ampoules rouges, se perd dans les méandres d'une obscurité quasi-totale.

Parce que Noé voulait que le son soit aussi inquiétant que l'image, les infra-basses saturent l'espace sonore et contribuent au marasme de l'ensemble. Dans cette bouillie nauséeuse, Marcus et Pierre recherchent un type appelé le Ténia. On distingue à peine le contenu des échanges verbaux, mais l'urgence de cette quête s'impose. De sous-sol en sous-sol, la violence de Marcus, décidé à punir le fameux Ténia, gagne en force. Jusqu'au moment où les deux comparses tombent sur lui. La suite est à la limite de l'insoutenable.

Irréversible ne se réduit pas à un plaidoyer pour l'autodéfense et pour le droit à la vengeance. Marcus (Vincent Cassel) n'est pas un justicier dans la ville, juste un homme obéissant à ses instincts primaires, sourd à toute réflexion. Tout comme dans Seul contre tous, Noé montre comment l'homme bascule facilement vers une régression animale. Comment il peut perdre totalement sa part d'humanité, poussé par une logique que lui seul assume. Si le malaise s'installe, sans doute est-ce parce que ces images qui nous agressent nous renvoient à notre propre part d'ombre tapie derrière nos bonnes manières. Sans doute parce que la violence ici montrée sans concession rappelle que l'on ne peut s'y habituer. Irréversible ne prône pas la brutalité, mais se contente d'affirmer que nous sommes tous des Marcus en puissance. D'ailleurs, celui qui se livre au matraquage en règle de l'agresseur présumé (le véritable coupable échappe au châtiment. Dans leur folie, Pierre et Marcus s'en prennent à un autre) est celui qui durant tout le film incarne la raison : Pierre (fabuleux Albert Dupontel). La scène du viol, au cœur de la polémique précédant la sortie du film, passe presque pour un moment de détente après les interminables secondes pendant lesquelles Pierre réduit en bouillie le crâne de l'ami du Ténia, à coups d'extincteur.

Prouesse technique, Irréversible se déploie en une série de plans-séquences suivant une chronologie inversée. Une quinzaine de prises, en moyenne, par plan-séquence, d'une durée de trois à quinze minutes, avec de nombreuses retouches numériques en post-production pour masquer des raccords invisibles. Cette structure narrative qui place l'acmé de la violence du propos au début du film, pour s'achever sur un tableau idyllique à la limite de la caricature, ne laisse pas pour autant respirer. Malgré les dernières scènes du film où un couple s'ébroue dans le bonheur, les images d'horreur des premières sections restent en mémoire. Le dénouement tragique habite les moments paisibles échangés par Pierre, Alex, et Marcus. Alors que les mouvements de caméra se calment, et que la lumière s'éclaircit, le malaise perdure. Parce que le spectateur sait, parce qu'il a vu l'épée de Damoclès trancher dans le vif.

Noé n'a pas inventé la recette du suspens, mais il sait doser les ingrédients. Malgré la pauvreté des dialogues improvisés, qui manquent de crédibilité et d'authenticité, et un scénario réduit à son plus simple appareil, malgré un sujet délibérément provocateur, Irréversible doit dépasser le scandale qui entoure un peu à tort sa sélection à Cannes. Libéré de la polémique, peut-être retiendrons-nous l'essentiel : une mise en scène inventive et maîtrisée, et un message essentiel, selon lequel l'enfer, c'est les autres, mais c'est avant tout nous-mêmes.

  Moland Fengkov

[ POUR ]        [ CONTRE ]

Un homme venge sa petite amie violée, s'enferrant dans un processus irrémédiable de violence…

Le scénario est mince et par un curieux effet de miroir inversé, l'image dense et saturée. Noé, en formaliste chevronné, boursoufle à l'excès son récit, ne parvenant pas à masquer les béances d'une histoire inconsistante. Sans véritable travail scénaristique approfondi, les personnages n'existent pas. D'ailleurs, les dialogues sont quasiment inaudibles, ce qui prouve bien que ce qui importe au réalisateur, ce sont bien les scènes de violence, filmées avec une jubilation malsaine et une grande complaisance. Le logorrhéique boucher de Seul contre Tous parvenait à bouleverser et à déranger, précisément parce que Noé explorait la psychologie de ce personnage immoral, révélant la terrible logique qui présidait aux actes répréhensibles dont il se rendait coupable. Ce film pouvait avoir son équivalent littéraire avec le Caligula d'Albert Camus qui rationalisait la folie de l'empereur et prouvait son extrême logique.

Ce précédent opus déjà n'était pas tout à fait abouti, car Noé ne supporte pas de laisser le spectateur décider de sa place par rapport au film. Il lui faut tout contrôler. De quoi a peur Noé, pour ôter toute liberté à son spectateur ? Qu'il ne découvre l'indigence de son propos et les rouages trop visibles de la manipulation grossière dont il fait l'objet ? C'est chose faîte avec Irréversible. Passée la première séquence épate bourgeois, le film se dégonfle comme un ballon. On ne croit nullement aux scènes de bonheur du couple radieux formé par Belluchi/Cassel. A la limite de la mièvrerie et du ridicule (« rendez-vous compte, la victime était enceinte en plus ! », ces scènes, maladroitement improvisées, desservent considérablement le film. C'est par elles que Noé légitime le meurtre dans la boîte, sous couvert de la vengeance et parce que « le désir de violence est une pulsion naturelle ; parce que la plupart des crimes restent impunis » (extrait du dossier de presse). Contrairement, à ce qu'il a pu dire, le réalisateur livre là un apologétique de l'autodéfense, dans la grande tradition des Bronson et consorts. Le contre-discours qu'il tient publiquement aujourd'hui n'apparaît en aucun cas à l'image. Et l'on sait à quel point Noé cisèle cette mise en images ! Il n'y a donc aucune ambiguïté possible quant à ses intentions. Dès lors, on sait de quoi a peur Noé : de ses idées.

Seul Albert Dupontel sort son épingle du jeu improbable des acteurs. C'est aussi le personnage le plus intéressant du film : garde-fou au début du film, c'est lui qui sombre dans la folie meurtrière. Bien entendu, cet aspect là est à peine fouillé par Noé, uniquement préoccupé par le traitement de l'image. Pourtant cette piste aurait mérité d'être étoffée. C'est elle qui pouvait véritablement déranger, plus que la scène de viol ou de meurtre.

Irréversible n'est pas un film scandaleux, parce qu'il manque de contenu. Certes la scène d'ouverture dans la boîte gay ressemble au 7ème cercle de l'Enfer de Dante, peuplé par les sodomites. Mais pour susciter le scandale, il s'agit d'avoir un discours. Noé avait en tête le Salo de Pasolini. C'est une heureuse contre référence car le film du sulfureux et inégalé réalisateur italien était tendu à l'extrême, non pas uniquement par ses scènes de violence, mais par la dénonciation du fascisme et des exactions commises en son nom. N'est pas Bataille qui veut ! Le film de Noé n'approche en rien l'expérience des limites qu'il souhaitait. Une vague nausée, une angoisse vite surmontée pour conclure que « ça n'était que ça ».

En somme, les fanfaronnades visuelles de ce réalisateur ne méritent pas même le battage que l'on fait autour. Voir et passer son chemin.

  Sandrine Marques


     Critique de Love
     Soudain le vide

   Attendu, redouté, le second long métrage de Gaspar Noé aura peut-être souffert d'une surchauffe promotionnelle démesurée, même si le choc du festival fût néanmoins au rendez-vous, tant lors des projections réservées à la presse que lors de celle, programmée à 0h30 dans la salle Lumière, où les insultes et les sifflets rivalisaient de passion avec les applaudissements.





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