Avec : Toni Collette, Gotaro Tsunashima, Lynette Curran, Matthew Dyktynski Scénario : Alison Tilson Titre Original : Japanese Story Durée : 1:40 Pays: Australie Année : 2003

Il y a des films qui s'ouvrent avec toute l'énergie nécessaire pour surprendre et capter l'attention du spectateur, avant de s'essouffler sur la longueur, et d'autres qui exigent une certaine dose de patience, voire qui installent le spectateur dans un état proche de l'ennui avant de l'emmener sur de surprenants chemins. Japanese story, de l'Australienne Sue Brooks, appartient à cette seconde catégorie.

Allons bon, encore une énième rencontre entre deux êtres radicalement opposés qui butent sur leurs différences (ici culturelles) avant de se rapprocher et de vivre le grand amour. Vous avez dit poncif ? Pourtant, l'idée de mettre en scène une jolie géologue séduisait. Elle qui a l'habitude d'observer les surfaces (soulignons le magnifique générique embrassant les courbes d'un sol aux teintes ocres), elle va apprendre à regarder les choses plus en profondeur. Hélas, l'idée demeure idée, desservie par un scénario facile qui ne parvient pas à la sublimer. D'autant que le portrait psychologique de la belle accumule les clichés : ambitieuse, indépendante, peu sentimentale, autoritaire, arrogante,… mais si fragile.

Lorsqu'on annonce à Sandy (séduisante Toni Colette, bien qu'un peu excessive) qu'elle va devoir servir de guide à un homme d'affaires japonais, Hiromitsu, bien évidemment, celle-ci tape du pied, même si elle s'exécute avec professionnalisme. Bien sûr, de pics sarcastiques lancés à la cantonade en disputes exaspérées, les deux individus vont devoir établir un réel contact lorsqu'ils se retrouvent dans une situation dont seule la solidarité pourra les en sortir : leur 4X4 enlisé dans le désert du Pilbara, ils apprennent donc à se connaître et à unir leurs forces pour éviter une mort certaine. Et hop ! Voilà que le film prend la route de l'escapade amoureuse. Jusque-là, les paysages et le ciel sont magnifiques, ils s'aiment, et on a l'impression de les accompagner dans leur lune de miel. Hélas, on s'ennuie ferme. Du déjà-vu !

Puis soudain, sans crier gare, l'un des deux tourtereaux disparaît dans un accident tragique. A partir de là, le film nous livre sa meilleure partie. Le travail de deuil de Sandy, sa volonté de participer aux funérailles, et la place qu'elle tente de trouver entre la veuve de Hiromitsu (parce que le beau Nippon avait une famille) et le souvenir que son passage éclair laisse dans sa vie, confèrent au film une dimension poétique complètement absente de ses deux premiers tiers.

Tous les petits détails de la première partie qui paraissaient si futiles trouvent alors leur importance : les photos prises par Hiromitsu, que le spectateur découvre en même temps que son épouse, sur lesquelles les amants apparaissent souriants et radieux, bras dessus bras dessous, comme deux amis de longue date ; cette pierre ramassée par le Japonais, que Sandy garde chez elle. La rencontre avec la veuve, où les personnages échangent peu de mots, contient une charge émotionnelle partagée par les deux femmes. Le jeu même de Toni Colette se montre alors plus nuancé. Moins démonstratif qu'au début, elle réussit à exprimer le tourbillon de sentiments qui agite son âme : de la tristesse au désespoir, en passant par le désarroi et la culpabilité.

Décevant à bien des égards, Japanese Story sauve sa peau en évitant le pathos facile lié à la perte de l'être aimé. Dommage qu'on ait eu à subir un sous When Harry met Sally pendant plus d'une heure.

  Moland Fengkov