critique de Last Kiss
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Crise existentielle, paternité écrasante et désir sexuel embué voici les affres dans lesquels se débat le trentenaire Michael, dont la compagne est enceinte, lorsqu'il rencontre inopinément Kim, une étudiante gracile, qui, d'emblée et avec un naturel désarmant, le drague sans vergogne. Le projet s'appuie intégralement sur l'abattage stupéfiant du débonnaire Zach Braff promenant sa bonhomie dépitée du rire aux larmes avec une densité qui élude malheureusement la dimension évanescente idoine à créer la fuite drolatique et mélancolique symbiote du parcours émotionnel du héros. Cette expérience volatile et résignée de la perte (illusions, innocence, possibles) demeure douloureusement chevillée au sol - voire au seuil au vu du prisme propitiatoire des dernières séquences un brin caricaturales - et même les discussions téléphoniques n'arborent jamais l'immatérialité inférant résurgences et louvoiements pré-mâchés d'une réalité compassée. Plus dépendants du quotidien cathodique d'ailleurs - la télévision comme figure maternelle par excellence, sensation appuyée par l'omniprésence des géniteurs - puisque l'iconicité vaguement branchée à l'œuvre ici finit par s'y confondre totalement, impavide. Les relents caillés d'une civilisation à son périgée sont envisagés par Tom Goldwyn comme un cloaque saumâtre dont on s'extrait abruptement mais sans intense amertume. Un épisode de plus en somme dans le feuilleton crayeux de la vie.
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