Avec : Samuel Le Bihan, Mark Dacascos, Monica Bellucci, Vincent Cassel Durée : 2:22 Pays : France Année : 2001 Web : Site Officiel

La légende de la bète du Gévaudan sert de prétexte à un film bric-à-brac qui mélange sans vergogne les genres dans Le Pacte des Loups, un film à l'esthétisme soigné proche de l'univers de la bande dessinée.

Christophe Gans, à qui l'on doit l'intéressant Crying Freeman, un curieux cocktail de cinéma de Hong-Kong et de Manga, pousse cette fois le bouchon plus loin pour nous offrir un film volontairement anachronique, sorte de fantasme d'un adolescent qui aurait les moyens de mettre ses rêves en images.

La légende veut que dans la France du XXVIII^ème siècle, une bête mystérieuse décima la population de la région du Gévaudan. C'est autour de ce fait divers que Gans construit une intrigue qu'un envoyé du roi, Grégoire de Fronsac (Samuel Le Bihan), et son écuyer Mani (Mark Dacascos) doivent résoudre. Le Pacte des Loups est donc un amalgame de récit historique, d'enquète policière, d'horreur et d'action. Ajoutez la présence d'un indien expert en arts martiaux et des combats à mi-chemin entre The Matrix et Tigre & Dragon, et vous aurez une idée de cette mixture cinéphage.

Cette salade scénaristique n'a d'autre but que de fournir un spectacle visuel dans lequel Gans peut jeter pêle-mêle toutes ses influences. A condition de faire sciemment abstraction de tout bon sens, il est alors possible d'apprécier Le Pacte des Loups. La photographie analogique esthétisante et froide parvient à créer un univers morbide et étouffant. On peut d'ailleurs y voir la trace du Dracula de Coppola, que ce soit dans les thèmes (l'horreur), les anachronismes (le cow-boy chez Coppola, l'indien karatéka chez Gans) ou le visuel froid à base d'effets spéciaux (par exemple l'utilisation de fondus). Ce visuel peut aussi être pesant et maniéré et ne parvient pas toujours à faire passer les longueurs. Les scènes d'action sont spectaculaires et font preuve d'une violence débridée dans la lignée des oeuvres asiatiques. Contrairement à leurs contreparties américaines, les superproductions françaises au moins ne sont pas édulcorées.

La distribution est peu homogène. Samuel Le Bihan est fade et s'avère peu crédible en guerrier alors que Mark Dacascos -un habitué du cinéma d'action au rayon vidéo (hormis pour Crying Freeman)- est au moins à l'aise dans les scènes d'action. Monica Bellucci (Malena, Doberman) et Vincent Cassel (Doberman, Les Rivières Pourpres) viennent épicer le tout tandis que d'autres figures du cinéma français sont aussi présentes dans des rôles secondaires.

Un plaisir honteux pour l'adolescent attardé qui sommeille en vous.

  Fred Thom