The Phantom Menace
Réalisé par George Lucas
The Phantom Menace est un film fantôme, avec une histoire fantôme, des acteurs fantômes à la menace bien réelle.
L'épisode I s'attarde sur les premiers pas d'Anakin Skywalker dont l'itinéraire tumultueux est connu de tous. Pourtant passée la célèbre scène d'ouverture, il devient évident que ce premier acte ne sert que de prétexte à un enchaînement de scènes d'action et d'effets spéciaux qui classent le film au même rang qu'un Godzilla ou un Armageddon. Et les premières paroles du film, prononcées par un Obewan Kenobi semblent prophétiques des deux heures quinze minutes qui attendent le spectateur: "I have a very bad feeling about this" (J'ai un mauvais pressentiment).
Si le film est déjà dénué de scénario, il revendique son inutilité d'autant plus fort qu'il ne s'avère être qu'un remake de l'épisode IV. Le film suit en fait le parcours de deux Jedis (Liam Neeson et Ewan Mcgregor) d'une planète à l'autre, surmontant obstacle sur obstacle dans le but de sauver une reine (Nathalie Portman) et son peuple, trame déjà utilisée dans La Guerre des Etoiles. De même, alors que l'épisode IV entamait l'apprentissage de l'élève Luke par maître Jedi Kenobi, l'épisode V suivait l'aboutissement de la formation de l'élève Luke par maître Jedi Yoda, tandis que l'épisode VI suggérait la formation prochaine de l'élève Leia par maître Jedi Luke. L'épisode I, quant à lui, nous présente maître Jedi Qui-Gon Jinn enseignant son art aux élèves Kenobi et Skywalker, le premier devenant le mentor du second dans l'épisode II. Mais la photocopieuse Lucas ne s'arrête pas là. A ces "thèmes fédérateurs" s'ajoutent des ingrédients recyclées de la trilogie.
- Personnages: Anakin, tout comme son fils vit au milieu du désert, fabrique des robots, est découvert un peu par hasard, possède la Force et finira aux commandes d'un chasseur détruisant le QG ennemi. Qui-Gon Jinn apparait aussi comme une incarnation précoce du vieux Obiwan.
- Scènes d'action: de la scène d'attaque finale à la course, en passant par les monstres prédateurs tentant d'avaler le vaisseau (cette fois-ci transposée sous l'eau).
Cette réutilisation excessive donne l'impression d'être dans un James Bond. Pourtant, si il est convenu que chaque James Bond est un remake du même film et n'a d'autre propos, ce phénomène expose dans le cas de La Guerre des Etoiles, l'assèchement d'inspiration de son père créateur.
Un autre problème du Phantom Menace est qu'il ne fonctionne pas. Même en utilisant le système de défense que le film est destiné aux enfants, il est peu probable qu'il soit appréciable du spectateur de plus de 8 ans.
- Les créatures sont plus crétines que le pire film de Disney, et ne provoquent jamais l'effet comique escompté.
- Les deux Jedis déciment sans vergogne des dizaines de robots surarmés sans jamais être inquiétés, comme au "bon vieux temps" des films d'action stalloshwarznorrissiens.
- Au cours des batailles rangées, aucun "gentil" ne sera blaissé alors que les "méchants" robots tombent comme des mouches, ce qui fait douter d'une réelle menace (voir bataille style Braveheart).
- Même avec le soutien de la puissante Force, les enfants auront du mal à croire qu'un de leur semblable, agé de huit ans, puisse piloter un chasseur et mener à la victoire.
Lucas semble avoir perdu tout talent cinématographique aprés une longue absence derrière la caméra, nous offrant des scènes d'action inactives et sans aucun mouvement.
Seuls deux moments arrivent à éveiller l'attention: la course à la Ben Hur et le duel final.
Si la course est dotée d'un certain rhytme et provoque un effet d'interactivité, elle est pourtant desamorcée par l'avancée des jeux vidéos qui vous procureront les même frissons, sinon plus. Le duel, par contre, dénote d'une réelle dextérité, avec un sens chorégraphique influencé par le cinéma de Hong-Kong.
Le visuel a bénéficié des progrés de la technologie et joue sur le grandiose. L'attention au détail et au décor est tellement poussée qu'il en devient évident qu'elle a été prioritaire aux dépens de l'histoire et des personnages qui en deviennent transparents, prenant un rôle décoratif, alors que l'arrière plan devient le personnage principal du film. Ce perfectionnisme conduit à l'artificialité et à la froideur de l'ensemble. Les vaisseaux, droïdes et créatures sont trop polis et esthétiques pour provoquer une quelconque affection chez le spectateur, au contraire des vieux chasseurs impériaux au look primitif. Et la tentative d'auto-parodie avec les "pods" en forme de boucles d'oreilles ou grille-pains n'y fait rien.
Enfin, passons aux personnages. La carence de dialogues et leur utilisation comme pions sur l'échiquier de Lucas leur enlèvent toute dimension jusqu'à la transparence aux yeux du spectateur. Liam Neeson semble passer par là parce qu'il a vu de la lumière, mais n'a qu'une hâte celle de repartir. En plus de s'ennuyer, il ne sait jamais où donner de la tête, comme en témoigne la scène où il regarde à droite alors que la créature (sur ordinateur) est à gauche. Obewan McGregor semble être sujet à des crises de constipation, comme en témoigne déjà son effigie sur les paquets de chips à l'oignon. Il n'a jamais eu l'air si mal à l'aise qu'il en a l'air tout nu (à vrai dire c'est le contraire puisqu'il est généralement plus à l'aise dans la tenue d'Adam). Anakin ressemble à un petit morpion arrogant que l'on veut écraser au plus vite, et à voir Jake Lloyd on comprend comment le pauvre Vador ait pu si mal tourner. Quant à Nathalie Portman, elle a un réel sens du pouvoir sous ses lourds déguisements. Le seul personnage original est le nouveau vilain que l'on attend avec impatience mais n'arrive qu'à la fin. On remarquera à ce sujet son étrange ressemblance avec Keith Flint de The Prodigy, ce qui renforce le conservatisme revendiqué de Lucas. On l'imagine hésiter entre les démons de la jeunesse comme Marylin Manson et autres
pour incarner ce personnage menaçant, avant de jeter son dévolu sur le punk hérissé Flint. Le reste des protagonistes est virtuel, issus d'ordinateurs dont la froideur fait regretter les créatures caoutchoutées de La Guerre des Etoiles, ce qui renforce la superficialité du film.
Au final, un film aseptisé, artificiel, et improbable qui fait qu'à aucun moment on arrive à rentrer dans The Phantom Menace dont la seule menace est bien l'ennui.
Fred Thom
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