Tout comme dans les mémoires d' Hemmingway, le Paris de Baz Luhrman est un monde en perpétuelle fête. Son film est un festival des sens, du mélodrame sentimental à des idéaux romantiques comme la vérité, la beauté et la liberté.
L'histoire est familière. Un Bohémien anglais nommé Christian (Ewan McGregor) se rend à Paris dans un but artistique et rencontre Satine (Nicole Kidman), une courtisane du Moulin Rouge promise à un riche duc. Les deux tombent amoureux mais se voient séparés pour les besoins du spectacle. Ah j'allais aussi oublier: la pneumonie la consumme lentement.
Mais c'est l'utilisation créatrice de la musique et du chant qui en font avant-tout un film aussi agréable. De "Children of the Revolution" à "Smells Like Teen Spirit" en passant par des extraits de The Sound of Music, ce "jambalaya" postmoderniste est une ode à l'opéra, aux comédies musicales des années 50 et au MTV des grands jours (une espèce en voie de disparition).
Quant au jeu des acteurs et aux chants, ils sont loin d'être mauvais. Ewan McGregor qui brille dans un rôle nouveau à son répertoire, a de puissantes cordes vocales et s'avère poignant dans ses moments "Elton John". Curieusement, il garde ses vêtements sur son dos dans Moulin Rouge. Nicole Kidman, maintient sa ligne vocale avec succès bien que certains passages démarquent ses limites.
Seul John Leguizamo en Toulouse Lautrec vous donne la migraine. Il en fait toujours trop, ce qui pour un tel film, est d'autant plus singulier. Toulouse Lautrec se retournerait dans sa tombe et enverrait ses danseuses can-can lui botter le train s'il savait.
Les meilleures scènes sont naturellement les numéros musicaux. L' "Elephant Love Medley" entre McGregor et Kidman dans son boudoir en forme d' éléphant est enchanteur. Le "Roxanne" de Police se transforme en tango, alors que des images des danseurs du cabaret dans un tango jaloux et de Christian imaginant Satine avec le duc s'entrelacent.
L'imagerie onirique imprégnée d'absinthe fait aussi la réussite du film auquel la vie quotidienne devrait ressembler. Malheureusement, il n'est pas toujours possible d'en profiter pleinement à cause d'un montage parfois épileptique dans la veine d' Il Faut Sauver Le Sodat Ryan. Luhrman aurait sans aucun doute pu prolonger certaines scènes exquises.
Moulin Rouge est un grand moment de répit dans un monde rongé par "l'ultra-réalisme" télévisuel et une rêverie bienvenue dans ces temps cyniques.
Moulin Rouge Critique du film
