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Northfork
Réalisé par Michael Polish

Avec : James Woods, Nick Nolte, Daryl Hannah, Mark Polish
Scénario : MMark & Michael Polish
Titre Original : Northfork
Durée : 1:43
Pays : USA
Année : 2003
Site Officiel : Northfork
Œuvre baroque et surréaliste, Northfork, à l'image de son village soumis au néant, se situe quelque part entre l'art et le sacré, peinture cinématographique transfigurée sur fond de critique sociale.

Au fin fond du Montana des années 50, deux jours avant que la plaine ne laisse place à un lac artificiel, un groupe d'hommes envoyés par la compagnie du barrage, tente d'expulser les derniers habitants irascibles de Northfork, bourgade isolée et clairsemée. Pendant ce temps, sous la protection d'un prêtre (Nick Nolte), un jeune garçon orphelin se meurt, s'apprêtant à rejoindre un groupe d'anges qui semble l'attendre dans une maison abandonnée.

Proche, par son thème et son ambiance étrange, des cinémas de Brian de Palma, David Cronenberg et David Lynch — ce auquel s'était arrêtée une poignée d'irréductibles « intellos » pédants —, Twin Falls Idaho (Les Frères Falls), était pourtant comme une œuvre personnelle empreinte de tristesse, où les frères Polish exorcisaient le lien psychologique très fort qui les unit, en tant que jumeaux, avec l'attachement physique des siamois comme métaphore. Jackpot, film intéressant mais déconcertant qui avançait à tâtons, sans jamais prendre de position, introduisait la notion d'Americana, offrant une vision désillusionnée mais sensible de l'Amérique profonde. Northfork, troisième volet de cette trilogie — ou triptyque par l'implication de ses anges —, s'impose dans la continuité des deux films précédents, par ses thèmes, mais expose finalement la palette singulière et ambitieuse des frères Polish.

Si les anges (dont Daryl Hannah et Anthony Edwards) , sortis tout droit de cette peinture poussiéreuse, renvoient à l'art baroque, les hommes du barrage vêtus tout de noir avec leurs chapeaux (James Wood, Mark Polish et Peter Coyote en tête) rappellent les peintures de Magritte et Dali, alors qu'ils vagabondent au milieu de vastes étendues. Mais le cinéma des frères Polish montre tout autant son héritage cinématographique. Cette maison arche de Noé ancrée dans la terre asséchée, fait tout autant penser aux peintres surréalistes qu'aux films d'Emir Kustorica (Arizona Dream en particulier) ou au Fitzcarraldo de Werner Herzog. Au delà de la mention inévitable à Wim Wenders, l'ange incarné par Anthony Edwards a un côté très Johnny Depp, au croisement d'Edward Scissordhands (Edward aux mains d'argent) et d'Ichabod Crane (Sleepy Hollow), et donc figure burtonnienne par excellence. Ce goût pour l'étrange suscite évidemment la comparaison avec Lynch, Cronenberg, mais leur approche est plus poétique, moins exacerbée, préférant de légères tonalités. Est présente cependant cette volonté de créer un monde obéissant à ses propres codes dont les clés sont présentées dans certaines scènes : la chambre de l'enfant, comme la peinture dans la maison abandonnée, offrent les indices nécessaires au spectateur navigant entre rêve et réalité.

On retrouve dans Northfork des thèmes récurrents dans la filmographie des frères Polish. La notion d'ambivalence — fraternelle — au centre de Twin Falls Idaho et induite dans Jackpot à travers le duo chanteur / manager, est ici abordée sous un angle nouveau, le lien filial unissant James Wood à Mark Polish (et le prêtre à l'enfant) ; la mise en abîme n'étant jamais loin, on peut certainement y voir une référence au rôle de modèle exercé par Wood, en tant qu'acteur, sur la jeune génération. L'influence des jumeaux n'a cependant pas été oubliée comme la maison coupée en deux, en témoigne, tandis que chaque duo d'hommes en noir officie comme un dédoublement fraternel. L'ambivalence, au niveau du sang, est évidemment mise en parallèle avec l'opposition entre des mondes qui se confondent parfois : la réalité et le rêve, la vie et l'au-delà.

La palette cinématographique désaturée, alliée à la lenteur extrême du long métrage et à certains élément de l'histoire, provoque la tristesse mais donne aussi au tout des airs de journal jauni par le temps — nous sommes en 1955.

Quant au contexte social, Northfork, regard au premier degré sur le dépeuplement de certaines régions et l'emprise d'un immobilier conquérant, peut tout aussi bien être assimilé à l'activité des grosses chaînes écrasant les petits commerces — thème d'ailleurs croqué avec délice par Six Feet Under — qu'à un impérialisme latent ou à l'écrasement du cinéma indépendant par les grosses productions.

Un monde fascinant et singulier, Northfork, on l'espère, ouvrira une nouvelle porte pour un cinéma américain trop cloisonné.

  Fred Thom





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