critique de Re-cycle
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Ça commence comme un vulgaire film d'horreur, avec tous les poncifs du genre, odieusement pompés chez les confrères, de l'ascenseur s'ouvrant sur un couloir plongé dans l'obscurité aux ombres furtives passant en arrière-plan, en passant par la présence de spectre aux cheveux longs et sales. Ici, ils laissent même traîner leurs mèches dans la salle de bain. Et puis, des fois que le spectateur aurait du mal à frissonner, la bande-son, le volume poussé au maximum, multiplie les annonces juste avant les moments clés. Insupportable. A défaut de faire crever de peur, les frères Pang vous crèvent les tympans. L'histoire de ce navet prétentieux mais complètement dénué d'inspiration pouvait en convaincre certains, en abordant des thèmes intéressants (bien que déjà traités par d'autres, et en mieux), comme le rapport à l'écriture, la culpabilité, l'amour, etc. Ting-yin est une romancière à succès qui s'attelle à son nouveau livre. Mais voilà que les événements qu'elle couche sur le papier se produisent dans la vie réelle. Réalité et fiction commencent à se confondre, jusqu'à ce qu'elle finit par entrer de plain pied dans cet univers parallèle et surnaturel. Lorsque le film entame sa seconde partie, on commence à espérer. Excessivement proche de l'atmosphère conceptuelle et visuelle du jeu vidéo Silent Hill, récemment adapté au cinéma par Christophe Gans, cette plongée commence dans les ruelles en ruines de la ville, avec des discordances architecturales qui impressionnent dans un premier temps, comme cette grande roue de fête foraine plantée en travers de la rue, coincée entre deux immeubles délabrés reconstitués, ou encore ces piles de livres alimentées en permanence par de nouveaux ouvrages tombant du ciel. Les décors, riches en détails, se succèdent. On comprend rapidement (les personnages rencontrés sur la route de l'héroïne se montrent généreux en explications, de peur que le spectateur se perde lui-même) que ce monde est celui de tout ce que l'homme a rejeté, abandonné, oublié. Bébés avortés, défunts dont on n'entretient plus la sépulture, vieux jouets et livres… Tout comme dans un jeu vidéo d'aventure, l'héroïne doit se rendre en un lieu lointain et mystérieux, et affronter moult dangers et résoudre maintes énigmes, avec l'aide de personnages secondaires et d'objets qui révèlent leur utilité en temps voulu. Seulement voilà, le traitement que font les réalisateurs de cette idée intéressante à défaut d'être géniale, se noie dans l'excès. A chaque nouveau décor, une nouvelle lumière, un nouveau filtre, une nouvelle palette de couleurs. Toujours appuyé par une musique insupportable et omniprésente, le film étale son catalogue d'effets numériques, sans s'accorder aucune limite, un peu comme si les techniciens venaient de découvrir les nouveaux logiciels à la pointe et décidaient d'expérimenter toutes les options et toutes leurs capacités dans un seul et même projet. Les frères Pang ne connaissent pas la retenue, et Re-cycle fait penser qu'ils devraient peut-être justement penser au recyclage de leur propre carrière. |
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