Avec : Angelica Lee, Lawrence Chou, Chutcha Rujinanon, Yut Lai So
Scénario : Jo Jo Yuet-chun Hui & Oxide Pang Chun
Titre Original : Jian gui
Durée : 1:50
Pays: Hong Kong, Thaïlande
Année : 2003
Site Officiel : The Eye
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Pour leur deuxième passage derrière la caméra, les frères Pang (Bangkok Dangerous Oxide a co-signé Bangkok Haunted avec Pisuth Praesaeng-Iam) ont choisi de cultiver l'horreur, un genre résolument en vogue dans le cinéma asiatique contemporain. The Eye retrace les heures de terreur d'une jeune femme aveugle, Mun (Angelica Lee) qui, après avoir recouvert la vue grâce à une greffe réussie, voit son monde chamboulé par la présence de fantômes.
Si l'on retrouve dans The Eye des thèmes chers aux deux cinéastes, en l'occurrence l'handicap d'un sens et le paranormal qui étaient déjà au centre du précédent Bangkok Dangerous, on l'aura compris, les frères Pang nous convient à un voyage cinématographique doté d'un fort goût de déjà-vu.
Basé sur une prémisse ébauchée dès l'aube du 7e art avec Vampyr, puis mystifiée par une série B glorieuse et culte, Carnival of Souls, avant que M. Night Shyamalan ne « réinvente » le concept pour la postérité populaire avec le Sixième Sens, The Eye nous refait le coup du « I see dead people ». Sans autre aspiration que de nous faire frissonner un pari en parti réussi les Pang conjuguent les clichés du genre sur fond de quête, celle du repos d'une âme torturée. L'inspiration ou plutôt son manque va cependant bien au-delà, puisque l'on retrouve l'emploi du corridor et de l'ascenseur comme lieux de terreur, un procédé déjà utilisé dans le Dark Water du surestimé Nakata Hideo, tandis que la conclusion du film, sur fond de prédiction, renvoie quant à elle aux Prophéties de L'Ombre.
Plus décevant, la notion d'handicap comme celle du regard ne sont pas assez exploitées tandis que la critique de croyances villageoises et ancestrales contredit la nature même de ce film ancré dans le fantastique.
Oxide & Danny Pang utilisent comme toujours une palette stylisée, avec ici l'utilisation du flou comme incarnation parapsychologique. Leur cinéma est sans aucun doute doté d'une légère dimension poétique et la mort, personnage sombre et longiligne, rappelle la représentation bergmanienne (The Seventh Seal).
En dépit d'un personnage principal attachant (Mun) et de quelques prouesses spectaculaires, The Eye ne parvient jamais à s'extirper de son carcan de série B bien ficelée mais sans ambition. Il ne reste plus aux frères Pang qu'à trouver un scénario qui puisse confirmer leur talent, au-delà de la simple redite.