The Loss of Sexual Innocence
Réalisé par Mike Figgis
Plutôt une perte de propos. Ce film est navrant, trop navrant. Mais laissez-moi m'expliquer.
Mike Figgis, réalisateur du surestimé Leaving Las Vegas, a mis en place un enchaînement de scènes qui ,non seulement ressemblent à un défilé de mode flasheur, mais sont aussi les pions de la tentative de profondeur du film. Ce n'est pas que tous les films esthétiques soient mauvais. Mais la panique arrive quand Figgis tente d'en faire un film-séance de photo esthétique intello-prétentieux. En plus de ça, certaines scènes ressemblent à s'y méprendre à d'autres films.
Au milieu de ce non-sens artistique, il est possible de discerner qu'une des histoires est à propos de Nic, d'abord enfant en Afrique, puis jeune garçon obèse, adolescent séduisant (Jonathan Rhys-Meyers du détestable Velvet Goldmine) et enfin homme adulte (Julian Sands vu dans Boxing Helena). Mais, afin de suivre cette histoire, il faut assister à la version d'Adam and Eve de Figgis, où
Adam est noir et Eve une rousse rachétique. Ils émergent d'un lac complètement nus (ressemblance étrange avec une scène du Temps des Gitans d'Emir Kusturica), et passent le plus clair de leur temps à manger de l'herbe et uriner l'un en face de l'autre. Vous connaissez la suite. Eve mange le fruit, puis ils font l'amour d'une manière répugnante. Qui eut su qu' Adam and Eve ressemblaient à des mannequins Bennetton? Les autres scènes érotiques sont honteuses. La plus révoltante est celle où Sands "prend" sa femme dans la cuisine alors qu'elle coupe des légumes. Bien sûr, le plus clair du film repose sur ses désirs sexuels frustrés. Adolescent, il se fait surprendre par le père de sa copine en plein ébats. (Un des vols du film repose d'ailleurs dans la scène où il surprend sa copine saoule, au lit avec un autre, celle-ci vomissant sur les génitaux de son partenaire, tout comme Liv Tyler dans Beauté Volée de Bertolucci (qui est assez décevant ces derniers temps pour ne pas avoir besoin d'être volé.) Figgis essaie aussi d'être équitable en montrant le point de vue de sa femme. D'où la séquence de son rêve dans lequel, vêtue de dessous noirs, elle entre dans une boite et fait l'amour au musicien noir. Le tout dans des lumières rouges, comme dans un mauvais film érotique des années 70 (genre M6 le dimanche soir pour les connaisseurs parisiens). A la fin, comme dans Leaving Las Vegas, ça peut se résumer au fantasme vulgaire d'un homme blanc.
Le plagiat le plus manifeste est la séquence des jumelles. Comment Figgis a été capable de mutiler l'élégant "La Double Vie de Véronique" en un vidéo-clip de 10mn dépasse l'imagination. Deux jumelles séparées à la naissance, et jouées par Saffron Burrows (qui ne s'en tire pas trop mal si l'on considère le "matériel à sa disposition), se croisent dans un aéroport. On sait qu'elles ont une connection spéciale, car elles pleurent toutes les deux à la vue de la même photo dans Vogue d'un mannequin avec une tribu d'êtres bleux d'Afrique. (Ca sonne ridicule et ça l'est.)
Les conclusions que l'on tire à la fin du film sont incomplètes. L'innocence meurt sous la forme du pauvre Adam perverti par Eve et d'un mannequin taillé en pièces par le peuple bleu. La perte d'innocence sexuelle conduit à la perte de toute innocence et se voit remplacée par perversion et violence. C'est tout? On en sait en fait rien parce que 1) les deux hisoires se fondent mal ensemble 2) Figgis ne répond en fait pas à ses propres questions. En fait, on ne sait d'ailleurs même pas quelles sont les questions qu'il posait. Il y a d'innombrables façons de disserter sur la relation entre la religion et la sexualité, mais cette tentative est belle et bien avortée.
J'aime bien habituellement les films d'art-et-d'essai. Je fais l'effort d'essayer de comprendre et trouver quelque chose avec lequel je suis en accord ou désaccord. Je ne suis pas une fan de blockbuster mais plutôt la cible potentielle de Figgis.Mais quand une telle prétention (vide en plus) est jetée comme un os à un chien, il faut au moins qu'il y ait de la viande dessus pour ça vaille le coup. Ici les os sont nettoyés, ce qui est le plus énervant.
Anji Milanovic
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