Succédant au laborieux mais populaire Lock, Stock & 2 Smoking Barrels, Snatch devrait permettre au réalisateur anglais Guy Ritchie d’élargir son public jusqu’aux contrées américaines.
Le film, à l’image de son prédécesseur suit les parcours entrelacés de différentes bandes de truands dans les bas-fonds de Londres. Mais afin de contrer ses détracteurs qui lui avaient auparavant reproché l’incompréhension de l'accent de ses acteurs, il rend les dialogues plus accessibles et fait cette fois-ci appel à quelques acteurs américains dont Brad Pitt (One Punch Mickey O'Neil), Dennis Farina (Cousin Avi) et Benicio Del Toro (Franky Four Fingers). Evidemment, il pousse toutefois l’ironie en faisant parler sa star Brad Pitt dans un dialecte anglo-gitan complètement haché.
L’histoire, assez simple, est dans la même veine que Lock, Stock & 2 Smoking Barrels. Différents groupes de truands anglais, américains et un russe (Boris The Blade incarné par Rade Serbedzija) se disputent un diamant volé par Franky Four Fingers tandis que Turkish (Jason Statham) et le boxeur Mickey montent des combats clandestins truqués.
Le réalisateur mêle habilement un montage électrique à une bande son éclectique (Oasis, Massive Attack, Mirwais et bien sûr Madonna) et à des dialogues caustiques. Le film comme son humour est décapant et se poursuit à un rythme soutenu. On s’ennuie rarement au contraire de Lock, Stock & 2 Smoking Barrels qui tournait en rond.
La distribution est aussi plus professionnelle, en commençant par Brad Pitt hilarant avec son parler mitraillette et ses poings percutants. L'acteur a su s'enlaidir pour ce rôle et laisser au placard son allure branchée pour celle plus loqueteuse de son personnage. Dennis Farina a l'attitude cool d'un américain débarquant en Europe tandis que Rade Serbedzija sait y faire dans le genre maffieux russe, et que Jason Statham et ses comparses rivalisent de stupidité. Sans oublier évidemment Vinnie Jones qui reprend du service en tueur vicieux et Del Toro dans une apparition courte mais nonchalante à souhait.
Ritchie qui a dernièrement montré qu’il n’était pas indifférent au charme américain, épice le tout en jouant la carte de l’auto-dérision. A travers ses personnages il fait de nombreuses allusions à l’anarchie ou la folie anglaise, et s’assure que les vainqueurs de son histoire ne seront pas anglais. Le cinéaste, déjà prophète en son pays, se lance ainsi avec Snatch à la conquète du nouveau continent. Et le pari est gagné.