Superman Returns critique de Superman Returns



 

 



Superman Returns review

Superman Returns

:. Réalisateur : Bryan Singer
:. Acteurs : Brandon Routh, Kate Bosworth
:. Scénario : Michael Dougherty
:. Titre Original : Superman Returns
:. Durée : 2:34
:. Année : 2006
:. Pays : USA
:. Site Officiel : Superman Returns


L'ascétique colosse Superman est de retour après une escapade de cinq années aux confins de l'univers dans les ruines éparses de Krypton. Après un passage éclair dans la ferme familiale le voila ralliant Metropolis pour, dès son premier et spectaculaire sauvetage, retrouver une place immaculée au panthéon des bienfaiteurs de l'Humanité. Côté intimité cela se complique, se faisant battre froid par une Loïs qui ne lui a pas pardonné son départ inopiné. Mais à frayer ce pathos affectif le héros en oublierait presque une vieille connaissance, Lex Luthor.

D'abord les cuivres puissants entonnent le thème de John Williams, dont les résonances parcourent l'échine, puis le messie extra-terrestre rattrape un avion en déroute et le spectateur s'émerveille de ressentir, vingt ans après, une légende qui finissait par végéter à l'aune des récentes productions échevelées mêlant désuétude et modernité (Spider-Man 2, Batman Begins…). Le cinéaste choisit d'ailleurs, assez gauchement, de renforcer cette généalogie en substituant au classique schéma de mutation adolescente, inhérent au genre, le thème pompeux de la filiation - le parallèle subséquent avec Richard demeurant embryonnaire si ce n'est dans l'acceptation résignée de son infériorité.

Superman Returns souffre d'un paradoxe patent : vouloir à la fois reproduire le premier opus de la saga et s'inscrire dans une astreignante continuité. De fait flotte une fragrance passéiste réprouvant tout dynamisme inventif. Pour preuve la présence d'une unique scène sur l'enfance et la découverte des pouvoirs stellaires. Nous aurions compris que Bryan Singer (Usual Suspects, X-Men 2) s'appuie totalement sur le segment d'ouverture ou reprenne intégralement cet aspect du personnage mais n'offrir qu'un instant sonne comme un aveu dommageable d'une carence de profondeur pour des protagonistes aseptisés et insipides - que l'on se focalise sur la vaine teneur du rôle ou le charisme fané des interprètes.

D'autant plus choquant que l'actuelle série Smallville installe la figure tutélaire de Clark Kent dans une contemporanéité prosaïque d'une sidérante modernité. Deux absences flagrantes de congruences émaillent cet adipeux pensum : le personnage complexe de Lex Luthor dans la lucarne apposé à un stéréotype cabotiné (Kevin Spacey singeant Gene Hackman) ou l'icône Jor-El (triste réminiscence de l'image de Marlon Brando) figée ici dans l'antériorité alors qu'influant et modulant, en fonction du présent, le futur de la fiction cathodique. Devant l'ampleur bancale des effets numériques, le film autocentré se refuse toute trouée ou embellie scénaristique. A défaut de distanciation nous n'aurons qu'une ironie flapie à ingérer.

L'intérêt réside dans le spleen de l'archétype moral inadapté : quand Atlas - illustration épique du mythe soulevant un continent sur ses épaules - rencontre Sisyphe - ennui devant de perpétuels exploits expédiés comme d'infimes professions de foi. Ainsi, le dispositif, porté sur le sentiment au détriment de l'action, s'interroge sur sa faculté à fasciner dans le cynisme ambiant. Réponse sincère et cinglante, il expose son incurie en usant d'artifices minimalistes (filmage par les sbires de Lex, projection tremblante sur les glaces ou rayons X abolissant les décors) pour se borner à préserver un équilibre : accepter sa condition solitaire dans un monde fangeux afin de juguler l'ombre (minéral sombre) qui pourrait le submerger.

Le réalisateur oscille de régression vers l'efficacité de Richard Donner à déclaration pour un héros d'enfance dont il ne saurait reproduire la troublante alchimie (ancrage physique/idéaux aériens). Un ersatz de crucifixion, tantôt napthaliné, tantôt platonique, d'où s'élève la litanie d'un voyage ampoulé, dénué de substance. Une rupture en passe d'être consommée entre forme narrative muselée et public amer : commune contrition d'avoir abdiqué le merveilleux.


  Frédéric Flament


    


| Info Plume Noire | Contacts | Publicité | Soumettre pour critique | Rejoindre la Rédaction | Chiffres-clés | Charte | Questions |
Boutique | Work in Hollywood | Plume Noire in English [en Anglais] |

Like Us On Facebook