Avec : Mania Akbari, Roya Arabshahi, Katayoun Taleidzadeh, Mandana Sharbaf Durée : 1:34 Pays : Iran Année : 2002

Une femme dans une voiture et dix séquences, dix conversations avec les passagers qui prennent place dans le véhicule.

Son fils, tout d'abord, étonnant d'intelligence et de clairvoyance quant à la séparation de ses parents, ne supportant plus d'être le confident et le témoin des désillusions maternelles et qui finit par la rejeter. Et puis, il y a d'autres femmes qui investissent l'habitacle étroit de la voiture et qui livrent une part de leurs drames intimes : l'amoureuse déçue qui se rase le crâne, la prostituée (toujours reléguée hors champ), la vieille femme pieuse…. Autant de figures qui témoignent de la condition de la femme en Iran aujourd'hui et du désir d'émancipation, freiné par l'homme dont la domination s'exerce encore et toujours dans cette société.

Le film de Kiarostami est envoûtant, hypnotique et terriblement émouvant. La caméra ne quitte à aucun moment l'habitacle de la voiture, captant au plus près les émotions de ses occupants, dont la parole envahit l'espace exigu du véhicule. C'est donc un road movie intimiste, tourné comme un huis clos. La voiture est l'endroit où se libère la parole qui peut s'envoler librement, dans un pays où celle-ci est brimée chez les femmes.

Le road movie est un genre qu'affectionne depuis toujours le cinéaste iranien, dont les personnages se déplacent beaucoup mais donnent paradoxalement l'impression de faire du sur-place. Il en va de même dans ce film. Ici, la conductrice (une nouveauté chez le cinéaste) a beau parcourir la ville, elle ne progressera pas socialement. Sa condition n'évoluera pas, tout comme celle de ses différentes passagères. Pour preuve, la répétition des quelques minutes d'une scène déjà vue, en guise d'ultime séquence.

  Sandrine Marques

     Copie Conforme
     Sang et or
     10 on Ten