Avec : Gene Hackman, Gwyneth Paltrow, Ben Stiller, Luke Wilson
Durée : 1:45
Pays : USA
Année : 2001
Web : Site Officiel
Basé sur : Livre
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Bizarre, drôle et gentiment provocateur, The Royal Tenenbaums dresse le portrait d'une famille d'originaux avec du cœur sans toutefois sombrer dans un excès de pitié.
Royal Tenenbaum (Gene Hackman) interprète un père incorrigible qui essaie de réintégrer la vie de sa famille qu'il avait abandonnée en simulant un cancer. Les enfants, incarnés par Ben Stiller, Gwyneth Paltrow et Luke Wilson, sont des prodiges qui ont toujours voulu obtenir l'aval de leur père. Lorsqu'ils décident de revenir sous le toit familial avec leur mère Etheline (Anjelica Huston) qui est sur le point de se remarier avec son comptable (Danny Glover), Royal décide à son tour d'aménager pour tout reprendre à zéro.
Alec Baldwin narre le film comme s'il lisait un roman. On se croirait presque dans un livre de John Irving à la vue des excentricités et de la pathologie des personnages. Stiller, Paltrow et Wilson sont respectivement devenus un homme d'affaires manqué dont l'épouse est récemment décédée, un auteur de pièce de théâtre et un joueur de tennis professionnel. Presque membre de la famille, leur ami d'enfance Eli (Owen Wilson) est un écrivain à succès qui souffre cependant d'un penchant pour la drogue. Alors qu'enfants ils se comportaient en adultes, désormais ils se cherchent. Ils sont confrontés au même problème que le personnage de William H. Macy dans Magnolia : que devenir une fois l'heure de gloire passée ?
Alors qu'ils sont tous ensemble sous le même toit, Royal tente de faire amende honorable en les rendant fous. Son désir de faire partie de leur vie est soudainement inexplicable et, malgré leur résistance, ils lui ouvrent tout doucement la porte. Dans un passage drôle et poignant, Royal enlève les deux fils trop couvés de Stiller pour une promenade qui inclut courir au milieu de la circulation, voler dans une épicerie et sauter dans une piscine. Il offre également de les amener au cimetière sur la tombe de leur grand-mère mais oublie que leur mère y est également enterrée.
Personne n'est particulièrement détestable ou antipathique dans le film et aucun acteur ne tente de surpasser ses collègues avec sa pathologie : ces interprétations de déséquilibrés ne manquent pas d'aplomb. Huston joue une figure presque angélique qui accepte chacun avec ses défauts. Paltrow est un régal d'humeur maussade, baignant son entourage d'indifférence alors qu'elle cherche secrètement l'attention. Stiller, plus convulsif et angoissé que jamais, a su capturer la difficulté que l'on peut ressentir en présence de quelqu'un détesté et admiré à la fois.
En tant que patriarche, Royal ne peut être blâmé pour les imperfections de chacun, puisqu'il était parti depuis longtemps. La force du film est que les personnages revendiquent leurs propres déceptions, des blessures ouvertes dont ils n'essaient jamais de nier la douleur. En rendant ce film drôle, leurs frustrations en deviennent plus agréables.
Seule véritable critique, les allers et retours entre les personnages sont parfois chaotiques.
Avec sa distribution croustillante d'inadaptés, The Royal Tenenbaums est un régal.