Avec son titre évocateur et son casting de choc, The Score partait, gagnant d'avance, à la conquête du spectateur en mal de films mûrs et d'interprétations cérébrales. Si la prestation du duo Brando - De Niro vaut certainement le détour, il n'en est pas de même pour un scénario conventionnel qui s'étire pour laisser un goût certain de déjà-vu.
Robert De Niro est Nick Wells, patron d'une boite de jazz le jour et cambrioleur de haut vol la nuit. Marlon Brando interprète Max Baron, son commanditaire qui lui propose un gros coup, le vol d'un sceptre royal qui se trouve au centre douanier de Montreal. Pour ce faire, Nick qui travaille toujours en solo et jamais sur Montreal devra s'acoquiner avec un partenaire, Jackie (Edward Norton) qui repère l'endroit depuis des semaines en se faisant passer pour un homme de ménage arriéré. Nick accepte finalement ce dernier gros coup avant de prendre enfin sa retraite (cela semble familier?) et se marier avec Diane (Angela Bassett). A partir de là, le film suit la préparation du vol dans les moindres détails jusqu' à un dénouement inévitable.
Il n'y a en fait pas grand chose à dire de plus de cette histoire vue et revue où les clichés abondent. Le scénario se veut secondaire (volontairement ou non) pour laisser la part belle aux acteurs. Le problème est que des acteurs de cette envergure nécessitent un matériel conséquent afin de prendre leur envol. Qui se rappelle de Brando dans L'Ile du Docteur Moreau ou de De Niro dans 15 Minutes. S' il est clair que le scénario de The Score est loin de les transcender dans la veine d'un Apocalypse Now ou d'un Parrain, il permet néanmoins d'assister à de bons échanges entre les deux acteurs. On savourera surtout le grain de folie charmant de Brando face à un De Niro à la force tranquille. Brando vole la vedette du film dès qu'il est à l'écran que ce soit dans des scènes amusantes ou émotionnelles comme leur discussion dans la piscine. On regrettera d'autant plus que le film et la réalisation n'aient pas tiré plus avantage de leur présence, à l'image de Heat. Dans le même genre, ce film de plus de deux heures, mais avec une réalisation artistique et parfaitement contrôlée, avait réussi à faire monter la pression jusqu'à l'attendue confrontation entre De Niro et Pacino. Une comparaison inévitable puisque ce film avait aussi comme troisième rôle un acteur en vogue dans un rôle de jeune chien fou. Le problème est qu'ici, l'habituellement excellent Edward Norton a tendance à en faire trop, péchant peut-être par désir d'être à la hauteur de ses deux comparses. Son interprétation de l'arriéré Brian comporte trop de tics pour être honnête. Il semble d'ailleurs que ce genre de rôle soit difficile, à en croire également l'horrible interprétation de Benicio De Toro dans The Pledge.
Si la réalisation est honnête, elle manque sans aucun doute de rythme. Frank Oz (La Petite Boutique des Horreurs, In & Out) plus habile dans la comédie et peut-être plus connu pour la voix de Peggy la Cochonne des Muppets et de Yoda dans Star Wars manque d'un certain souffle dans le récit. Il réussit mieux dans des événements précis comme la scène finale ou sur le côté émotionnel des personnages. Il a cependant du mal à lier le tout. Pour sa défense, mettre en relief un scénario aussi peu original n'est pas si facile. C'est là qu'il aurait fallu un Michael Mann derrière la caméra.
Malgré ses imperfections, The Score n'échoue pas dans ses plans de fournir un divertissement d'une qualité certaine.