Avec : James Caan, John Houseman, Maud Adams, John Beck
Durée : 2:09
Pays : USA
Année : 1975
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Réalisé en 1975, Rollerball, sous ses dehors de film d'action spectaculaire, dénonce surtout la fascination pour la violence d'une société voyeuse et supporte l'affirmation de l'individu face à un système capitaliste à l'excès.
James Caan interprète Jonathan E., un champion de rollerball, hybride ultra-violent de hockey et de football américain où tous les coups sont permis. Lorsque les dirigeants du jeu le poussent à la retraite anticipée, celui-ci se rebelle et décide d'assumer son rôle jusqu'au bout.
L'analogie entre le rollerball et des jeux aussi populaires que le football et le hockey n'est pas innocente. En poussant la caricature à l'extrême, le film compare ces sports aux combats de gladiateurs, montrant ainsi que l'intérêt du public n'est pas dans le sport proprement dit, mais dans la violence hypocritement spectaculaire qu'il offre. Le sport ne sert ainsi que de prétexte à assouvir une soif malsaine de violence. Si les joueurs de rollerball sont des héros aux yeux des spectateurs, ils ne le sont pas sur la pellicule puisqu'ils sont dépeints comme des brutes épaisses. Le film ne développe pas non plus une affection particulière pour Jonathan, sorte d'enfant gâté égoïste qui tire avantage du système qui l'a créé et ne veut céder sa place.
Sorte de croisement entre capitalisme et communisme, cette civilisation de 2018 est gouvernée comme une corporation dictée par le profit avec un contrôle total sur la vie de ses citoyens. Ainsi Jonathan n'est qu'une sorte de pantin conçu pour divertir le peuple. La corporation décide de tous les aspects de sa vie, du moment où il devient obsolète au choix de ses compagnes changées tous les six mois après que sa femme ait été attribuée à un haut dignitaire. Les média on remarquera l'omniprésence d'écrans dans sa maison sont des jouets de l'état, comme c'est le cas dans la plupart des dictatures. Le rollerball et le sport n'est donc qu'un moyen d'endormir la conscience du peuple en lui offrant ce qu'il veut. La résistance de Jonathan au destin permet de mettre à jour les rouages de la corporation qui est évidemment une satire de la « Corporate America ».
Au-delà du sport, la caricature que le film dresse s'étend maintenant, avec une similitude alarmante, à la musique et au cinéma. Le cycle utilisé par la corporation, de la création d'une star à son obsolescence, ressemble au cycle marketing du showbiz qui fait et défait boys bands et acteurs au gré des ventes de disques et des entrées au box office.
Si Caan a la dureté de l'emploi, le film, des plus efficaces dans les scènes d'action, est étonnement violent et spectaculaire pour l'époque. Et c'est là que Rollerball est d'autant plus vicieux qu'il est réussi. Afin de délivrer son message, il fait ce qu'il dénonce : offrir une orgie de violence pour attirer le spectateur et lui permettre de faire le parallèle entre sa propre expérience cinématographique et le message du long métrage.
Presque 30 ans plus tard, Rollerball est d'autant plus d'actualité que la société qu'il décrit n'est pas si éloignée de la notre ; une réussite effrayante.