Les frères Lumière sont les inventeurs du cinéma. Bien
qu'une grande partie de leurs activités se soit
déroulée à Lyon, loin de la Provence, il est cependant
utile de relater les circonstances qui ont abouti à sa
création.
LA PHOTOGRAPHIE
Leur père Antoine Lumière ayant monté une petite
boutique de photographie à Lyon, les jeunes Louis et
Auguste s'attachèrent à améliorer la technique des
émulsions sensibles requise pour le chargement des
appareils photographiques.
Antoine ouvrit par la suite une petite usine de
production de papiers et plaques photographiques et
demanda à ses fils dotés d'une formation en chimie et
physique d'essayer de fabriquer des émulsions plus
performantes.
Louis mit au point une nouvelle formule et Antoine,
croyant posséder une plaque sensible révolutionnaire,
se lança dans sa fabrication industrielle avec un
effectif de 10 ouvriers. Le résultat
commercial ne fut cependant pas à la hauteur des espérances et
Antoine évita la faillite de justesse.
Conçues en 1881, les nouvelles plaques bleues s'avérant prometteuses, Antoine décide de construire l'usine de Monplaisir dont les deux frères prirent la direction plus tard. Après avoir commencé avec 60 douzaines de
plaques par jour, la production quotidienne atteignit
100 000 douzaines fin 1886, occupant près de 800
ouvriers. En 1893 l'entreprise fut transformée en Societé Anonyme des plaques et papiers
photographiques Antoine Lumière et ses fils au
capital de 3. millions de francs. De
nombreuses récompenses vinrent consacrer la renommée
des Produits Lumière, en particulier le Grand Prix aux
Expositions de Paris en 1889 et 1900.
LE CINEMATOGRAPHE
En 1894 ayant vu à Paris le kinétoscope de Thomas
Edison, appareil permettant de voir défiler à travers
un obturateur une succession de vues créant des scènes
animées, Antoine eut l'idée de projeter ces images sur
un écran et confia le projet à ses fils. C'est en
1894, à Noël, que naquit ainsi le cinéma. Si le
cinématographe assurait alors les deux fonctions de
prises de vues et de projection, cette dualité ne fut
pas conservée, Charles Pathé rendant les deux procédés
indépendants en 1897.
Devant les demandes d'achat du cinématographe, sa
construction en série fut confiée à Jules Carpentier, un industriel parisien.
Auguste et Louis formèrent des opérateurs qu'ils
envoyèrent dans des expéditions en Europe, en Asie et
aux USA dans les villes de Washington, Chicago,
Boston entre autres.
Pendant ce temps, des exploitants comme Méliès
commencèrent à réaliser des films à intrigues, alors
que les Lumières se limitaient à la production de
films d'actualités, de voyages ou de scènes locales.
Le succès du procédé provoqua des jalousies et
l'apparition d'appareils de contrefaçon. En 1897 les
Lumière renoncèrent à l'exploitation du
cinéma par concession, se contentant maintenant de
fournir appareils et films aux entrepreneurs de
spectacles.
Lorsque les organisateurs de l'Exposition Universelle
1900 de Paris demandèrent la collaboration des frères
Lumière, Louis fit projeter des images animées sur un
écran de 15 mètres sur 20 installé dans la grande salle des machines ; ce
fut le clou de l'exposition, près de vingt cinq milles
spectateurs pouvant assister aux projections. Après la
fermeture de l'exposition Les Lumières cessèrent toute
activité cinématographique, laissant à d'autres
l'exploitation lucrative de leur invention. Ils
poursuivirent leurs activités scientifiques dans des
branches différentes. En 1919 Louis (1864-1948) devint
membre de l'Académie des Sciences tandis qu'Auguste
(1862-1954) se tourna vers la recherche
physio-biologique. En 1928, ce dernier fut nommé
membre correspondant de l'Académie des Sciences. Outre
leur invention révolutionnaire, ils laissèrent à la
postérité un grand nombre d'ouvrages scientifiques.
Tous deux ont été élevé au rang de grand Officier de
la Légion d'Honneur
Monsieur Gilles Trarieux-Lumière.
Madame N. Morena, Association des frères Lumière,
Centre National de la Cinématographie.
Agenda Lumière, 1908.
L'Age d'Or du Cinéma en Provence, archives municipales de
Marseille, 1995.
Cent ans de cinéma à Marseille , Revue Marseille n°174 , 1995.
Les Conquérants de la Science, de Robert Fulton à Auguste
et Louis Lumière, R. Bondois, Editions O. Lesourd, 1946.
Histoire du cinéma, Gérard Betton, Que sais-je, 1997.
Le livre Guinness des Inventions, Edition°1, 1983.
Techniques du cinéma, Vincent Pinel, Que sais-je, 1999.