L'histoire du cinéma en Provence commence très tôt, la région étant associée aux balbutiements du 7ème art à
travers les frères Lumière, célèbres inventeurs du cinématographe.
C'est avec La sortie du personnel des usines Lumière, tourné à Lyon-Monplaisir le 19 mars 1895, que les Lumière feront leurs premiers pas derrière la caméra. Deux mois plus tard, suivra Le Jardinier et le Petit Espiègle, première « mise en scène » qui, retournée à trois reprises sous le titre L'Arroseur Arrosé, inaugurera aussi l'art du « remake ».
Mais c'est bel et bien L'arrivée d'un train à la Ciotat (photo à gauche), première incursion provençale filmée en janvier 1896 dans la ville où leur père s'était installé, qui marquera les esprits. Une deuxième version, celle-ci non cataloguée, sera réalisée et se démarque de l'originale par l'absence de la mère et de la fille de Louis. Une plaque posée dans la gare en 1942 commémore l'évènement.
La sortie du personnel des usines Lumière sera ensuite montée avec une dizaine d'autres séquences comme La sortie d'une barque du port de la Ciotat et L'arroseur arrosé. Celles-ci seront présentées pour la première fois sur invitation le 21 septembre aux habitants de la Ciotat, puis au public le 28 décembre 1895 dans une salle de billards désaffectée, baptisée pour la circonstance Salon Indien, dans les sous-sols du Grand Café, sur le Boulevard des Capucines à Paris. La veille, durant la répétition générale se trouvait déjà un certain Georges Méliès désirant à tout prix acquérir l'appareil.
Si la première, le 28, ne compta que 35 spectateurs qui s'acquittèrent d'1 franc or de droit d'entrée,
trois semaines plus tard on comptait entre 2000 et 2500 spectateurs par jour. L'arrivée d'un train à la Ciotat fut ajouté au programme en 97, suscitant l'émotion chez les spectateurs effrayés par cette locomotive fonçant vers eux.
C'est le 29 février 1896 dans les sous-sols du Grand Hôtel du Louvre et de la Paix, 3 rue Noailles (devenue
53 La Canebière), qu'aura lieu la première séance de cinématographe à Marseille, suscitant l'enthousiasme
des marseillais.
En avril 1896, Louis Lumière viendra tourner quelques scènes dans la ville phocéenne : Le marché aux
poissons, La Joliette, Embarquement à bord du paquebot general Chanzy, La Canebière à la sortie de la Bourse, etc. Ces scènes seront ajoutées à des programmes d'une dizaine de minutes.
Il semble que Louis Lumière ait tourné un grand nombre de films à la Ciotat et en Provence. Outre de
nombreuses séquences réalisées dans la propriété familiale Le clos des plages, on peut voir des scènes locales sur la vie courante, l'activité industrielle, le lancement d'un navire dans les chantiers de la Ciotat
et plusieurs films comiques imaginés par les frères Lumière avec beaucoup d'esprit. On remarquera surtout La charcuterie mécanique de la maison Craque de Marseille qui présente une machine où d'un côté on introduit un
cochon vivant tandis que de l'autre ressortent saucisses, jambons, et diverses charcuteries.