Festival de Cannes 2006
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CRITIQUES COURT-METRAGES | LONG-METRAGES Dans le Rang (Quinzaine) Le temps d'une nuit, un garçon immigré entre de plain-pied dans sa vie d'homme. Manipulé par les Renseignements Généraux, il est contraint d'espionner, dans l'hôtel où il officie, des malfaiteurs. Chantage aux papiers, humiliations, le héros finit par entrer dans le rang, après une aventure amoureuse sans lendemain. La maturité étonnante du tout jeune réalisateur, lequel prend à bras le corps son sujet pour ne plus le lâcher, frappe dans ce projet ambitieux. Cyprien Vial a un vrai sens de l'attaque. Dès l'amorce, le plan se charge d'une dimension physique saisissante. La caméra mobile embrasse les personnages, enveloppe leurs corps vulnérables et sensuels, sans en entraver la trajectoire libre. Au risque du contemporain donc, le réalisateur ancre sa fiction dans une réalité sociale forte. Pour autant, pas de film d'intervention à l'arrivée. Si le récit stigmatise "un certain climat de la France", il le fait à sa manière impressionniste, désenchantée et fragile, tout autant que déterminée. Comment trouver sa place dans une société française cloisonnée ? La mise en scène prend acte de ce questionnement, laquelle distribue, à l'échelle du plan, corps et rapports de pouvoir. Par son inscription nocturne et sa très belle scène de contrat (mains jointes par où se scelle un pacte amoureux intransitif - cf photogramme), Dans le Rang fait également figure de néo-film noir. Et c'est avec confiance que l'on voit en lui, le futur chef de rang d'une nouvelle génération de cinéastes français. Sandrine Marques |
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