C'est toujours un plaisir de voir Daniel Ash en concert - que ce soit en solo ou au sein un groupe - son attitude féline et son look créant un véritable pôle d'attention sur scène. Voir l'âme créatrice de deux des groupes new wave les plus influents interpréter certains de ses classiques était alléchant. Bien que le concert combla certainement ses fans, il devint évident qu'il y avait moins d'amour sans ses rockets.
Le groupe se limita à Ash, un bassiste et un batteur tandis que le rôle du DJ se résuma principalement à chauffer la salle ; une formation donc typiquement rock - guitare/basse/batterie - ce qui fut une surprise connaissant l'orientation électronique de son dernier album. Si cette configuration se révéla fidèle au son des Tones on Tails et Love & Rockets de la première heure, elle ne fut pas à la hauteur des chansons récentes plus sophistiquées de son répertoire ou de Love & Rockets. Les musiciens d'Ash prouvèrent en effet leurs limitations. La frappe du batteur fut lourde, plus appropriée pour un groupe punk, bien loin du style léger et précis de Kevin Haskins. Le bassiste de remplacement - la bassiste originale ayant été blessée dans un accident de voiture l'amenant justement au Galaxy pour l'ouverture de la tournée - fut plus convaincant sans avoir l'approche raffinée de David J. Son instrument fut cependant trop en avant, masquant parfois la voix du chanteur.
Des brûlots rock et des morceaux acoustiques constituèrent les meilleurs moments du concert. Tout commença avec un furieux un « Mastermind » où les échantillonneurs furent rapidement couverts par un déluge de guitares bruyantes et les hurlements de Daniel Ash. Des chansons comme « Come Alive » et « Spooky » souffrirent de l'absence de l'atmosphère synthétique présent sur l'album. « Ghost Writer » sonna au contraire bien en « live » . « So Alive » fut certainement plaisant mais le manque d'arrangements en réduisit l'impact tandis que la batterie primitive trahit le fameux tempo de valse. L'acoustique « Slice of Life » et les versions débridées de « Coming Down » et le final « Go » marquèrent le plus les esprits.
Ash sut montrer un véritable enthousiasme et prouva son charisme. Ce concert fut résolument intimiste loin du glam de ses prestations au sein de Love and Rockets. Le chanteur oublia quelques paroles et accords de guitare de certains vieux classiques mais ce n'est pas bien grave. Il était là avant-tout pour partager quelques moments personnels avec son public et ce qui importe vraiment. Je me rappelle avoir rencontré Love and Rockets après un concert il y a quelques années et, contrairement à cette soirée, Ash était loin d'être d'une humeur joyeuse. Il semble qu'un manque de pression et une certaine liberté artistique aient rapporté le plaisir qui peut-être manquait à sa carrière.
Durant le dernier morceau, quelques filles envahirent la scène pour venir danser, mais lorsqu'une femme hideuse et plus âgée les rejoignit pour harceler sans vergogne le chanteur et notre esthétique, il sut - et nous sûmes - que c'était l'heure d'y aller.