Plutôt que de capitaliser sur le succès facile d'un Bauhaus requinqué, Daniel Ash a choisi d'explorer « en solo » de nouvelles contrées musicales. En résulte un album audacieux et baroque qui allie l'essence des débuts de Love & Rockets à des sonorités électroniques novatrices.
Le troisième album éponyme de Daniel Ash se démarque de ses productions précédentes. Si Foolish Thing Desire et Coming Down pouvaient être considérés comme des projets en aparté, Daniel Ash est un album concept abouti où le musicien expérimente de nouvelles idées et de nouveaux sons. Délaissant la grosse production techno de Lift, dernier album de Love & Rockets, le disque a un son âpre, parfois proche du bricolage maison (il a été enregistré dans le « home studio » de DJ Keoki). Sur la plupart des morceaux, Ash établit une structure rythmique électronique dans laquelle il incorpore ensuite ses guitares emblématiques et sa voix robotique. Si le résultat peut surprendre au premier abord, on finit par succomber à l'album qui sait se faire mériter.
L'entêtant et éffréné « Hollywood Fix » est une sorte d'écho dépravé de « Resurrection Hex » avec des guitares tranchantes. « The Money Song » marque par son originalité, mêlant une obsession pour l'argent à d'omniprésentes percussions Jungle. Ash s'aventure dans la House avec l'instrumental bruyant « Mastermind » et surtout l'envoûtant « Burning Man ». « Come Alive » est une bombe techno-punk-industrielle furieuse dans la veine d' « Exterminator » de Primal Scream. L'excellent « Ghost Writer » ainsi que « Chelsea », « Sea Glass » et le sombre trip-hop « Trouble » rassureront les fans de Love & Rockets et Tones on Tails qu'il ne les a pas oubliés. Outre « Rattlesnake », instrumental peu mémorable lorgnant vers Enigma, « Kid 2000 » est le seul morceau vraiment ennuyeux qu'une voix d'enfant rend d'autant plus insupportable. Côté singles, la reprise charmante et cool à souhait de « Spookie », ferait une parfaite bande son pour un film rétro et n'a rien à envier à David Holmes. Enfin, le superbe « Walk on the Moon », chanson qui prit forme lors d'une soirée créative avec Sean Penn, Milla Jovovich et Twiggy Manson, vient rappeler la dimension artistique de l'album.
Si Bauhaus et Love & Rockets ont définitivement marqué la musique de leur époque, il est temps que Daniel Ash soit enfin reconnu pour son œuvre.