Il aurait été extrêmement facile pour Front 242 de ne pas faire d’effort et de simplement nous refourguer leurs vieux hits, histoire de se remplir les poches, à l'image de Blondie et Eurythmics. Hardcore dés le premier morceau, ils démontrèrent qu’ils ne sont pas prêts d’être relégués au rang de chapitre de l'"Histoire Moderne de la Musique Industrielle: I Les Parrains Belges."
Avant Nine Inch Nails et The Prodigy, il y eut KMFDM, Skinny Puppy, Front Line Assembly, et Nitzer Ebb. Mais, Patrick Codenys, Daniel Bressanutti et Jean-Luc De Meyer furent bel et bien les précurseurs, imposant leur emblèmatique musique électronique militariste sur fonds d’échantillonneurs incisifs, à l’aube des années 80. Si leurs premiers disques sonnent maintenant plutôt primitifs, ils ont su revamper leurs classiques avant-gardistes avec les sons techno dont ils ont été les pionniers il y a presque vingt ans.
Débarquant sur scène dans leurs vestes argentées et leurs cheveux blanchis, tels l'équipe de bobsleigh suédoise, ils assénèrent des versions frénétiques de leurs hits qui surent tourner la tête des spectateurs. Plus qu'un simple industriel dansant, leur musique est une sorte de disco militariste.
L'album Re-boot 98 peut d'ailleurs vous en donner un parfait aperçu.
La pièce de resistance fut sans aucun doute leur hymne "Headhunter" qui embrasa la foule, martelant sa techno furieuse. Ils préchèrent les convertis avec "Welcome to Paradise", un alléluia techno pour âmes perdues, tandis qu'"Happiness" fut un pur bonheur.
Un autre point fort fut "In Rhythmus Bleiben", une de ces chansons bizares et inquiétantes que vous ne vous attendiez pas à voir une foule américaine reprendre à tue-tête, sachant que la dernière chanson allemande que nous avons chantée fut le "99 Luftballons" de Nena. Il semblerait que hurler le mot "bleiben" déclenche des poussées d'adrénaline. Si "Body to Body" est loin d'être un chef d'oeuvre littéraire ("Sex is good, sex is good. Body to body..."), c'est que le groupe définit plutôt sa séduction dans le rythme.
Sans en avoir jamais douté, Front 242 sut prouver qu'il n'a rien perdu de sa fierté et de son agressivité; un phoenix qui renaît de ses cendres.
Front 242 en concert
