Genre : Electro Année : 2003 Pays : USA Web : Site Officiel Détails : Titres & Extraits Label : Maverick

La musique pop américaine est dans une phase étrange. Tandis que Jewel se lance à l'assaut des pistes de danse et que Lucinda Williams se met à rapper, la reine des clubs arbore fièrement une guitare acoustique et continue à surfer la vague électronique avec cette collection fascinante de nouvelles chansons.

Si cette nouvelle livraison prend sa source dans des sonorités électroniques qui faisaient l'essence même de Ray of Light et Music, ces morceaux n'en sont pas pour autant des hymnes dance. American Life est bien moins commercial que ses prédécesseurs, une approche assez brute donnant au disque une certaine vulnérabilité.

Une fois passé le ramdam médiatique à propos de la vidéo « scandaleuse » d'« American Life », on se rend compte que cet album fait preuve d'une grande maturité qui coïncide avec sa perte d'innocence. Elle est devenue un être comme tout le monde, pas très articulée mais en prise avec une certaine désillusion, sans rentrer dans le détail ; « There is no comprehension/there is real isolation/there is so much destruction/what I want is a celebration » entonne-t'elle sur « Love Profusion ». Si « American Life » fouille la futilité associée à toute renommée, le single est bien sûr à prendre au second degré puisque cette « leçon » est administrée par quelqu'un de riche et célèbre qui en profite tout autant.

Madonna semble canaliser Shirley Manson de Garbage sur quelques morceaux ; le récit édifiant « Hollywood » rappelle ainsi « Go Sherry Go ». Si ses chansons à propos de sa propre stupidité satisferont probablement ses détracteurs, « I'm so Stupid » commémore une autodérision omniprésente dans l'œuvre de Garbage.

Bien que les chansons d'amour n'aient jamais vraiment été sa tasse de thé, on trouve ici quelques ballades romantiques. « Love Profusion » se démarque du sensuel « Skin » ou du superficiel « Dress You Up ». « Nothing Fails » nous ramène 15 ans en arrière à l'époque de « Like a Prayer », accompagné par un chœur gospel, pour un pop song antireligieux émouvant. L'acoustique « X-Static Process », empreint de solitude et questionnant la foi, est probablement une des meilleures chansons autobiographiques qu'elle est écrite.

Enfin, le sous-estimé « Die Another Day » n'a pas vraiment sa place ici mais est pourtant un titre solide qui mériterait d'être plus apprécié.

Madonna et Mirwais forment une bonne équipe. Ils sont parvenus à réchauffer l'electronica, y rajoutant des arrangements de cordes sans pour autant surproduire le tout. Quant à sa voix, elle n'a jamais semblé aussi forte et confiante.

  Anji Milanovic

     Madonna : Music
     Madonna : GHV2


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