Quelle meilleure façon de voyager dans le temps et se retrouver dans le Los Angeles des années 50 avec ses costumes zoot, ses chanteurs de charme et ses belles Latinas que d'écouter Pachuco Boogie. Avec la résurgence de la culture californienne du Sud des années 50, leur musique est plus rafraîchissante et à propos que jamais.

Ce groupe de musiciens mexicains américains combine swing, jazz, influences latino-américaines et R&B avec des chants en spanglish (mélange d'espagnol et d'anglais). Rebelle et improvisée, leur musique n'a d'autre but que de faire la fête et certaines références à la drogue pourraient faire rougir Cypress Hill.

« Wine-O Boogie » avec son second degré et ses jeux de mots, est une chanson amusante sur les gueules de bois. 50 ans avant que « I want to get high » de Cypress Hill rassemble et Latinos et gringos, « El Tírili » s'établissait déjà comme le précurseur des hymnes à la marijuana ; Un peu comme si, devenus adultes, vous écoutiez « Les sucettes à l'anis » et découvriez soudainement son contexte.

Evidemment, les Pachucos furent autant révérés que critiqués. « Los Pachucos », par Las Hermanas Mendoza, est une mélodie mexicaine traditionnelle qui les décrit comme des bons à rien, tout en avouant qu'ils sont cool. Sur « Bracero El-y Pachuca la », tradition mexicaine et pachuco urbain se rencontrent et s'opposent dans une chanson d'amour qui raille la sincérité mexicaine et l'argot pachuco.

Si l'influence du blues est évidente sur « Muy Sabroso le Blues », les couleurs latines ne sont pas pour autant abandonnées. Sur les dansants « Chucos Suaves » et « Pachuco Mambo », on pourrait presque imaginer le dancing. Le Texas n'est pas oublié non plus : Sur « Buena Vista Swing », l'accordéon et la basse rendraient un Bob Willis fier.

Le morceau en anglais « Sólido Joaquín » de Dacita and Her régale l'auditeur des aventures d'un latin lover pachuco sur fond de musique d'orchestre.

A quoi peut-on s'attendre ? Un collectif de musiciens qui, tel le Buena Vista Social Club, se réuniraient chaque semaine à East L.A. pour un bœuf ? C'est peu probable. Mais pourquoi pas rendre hommage à ces artistes et leurs compositions à travers un album de reprises ? Pourquoi pas rêver un instant et s'imaginer Cypress Hill reprendre « El Tírili », Los Lobos interpréter « Pachuco Mambo » et Ely Guerra s'attaquer à « Sólido Joaquín » ? Brian Setzer serait aussi parfait sur « Wine-O-Boogie ».

En attendant, on se réjouira que le label Arhoolie Records ait réunit cette superbe collection qui ne dépareillerait pas aux côtés du Texas Swing de Bob Willis et du swing du Duke.

  Anji Milanovic


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