Entre urgence punk-rock et psychédélisme électronique, Evil Heat s'inscrit dans la continuité d'Xtrmntr comme un album fédérateur embrassant à l'extrême les influence d'un groupe qui incarne les aspirations du rock moderne.

Rock, punk, blues, psychédélisme, electro et techno forment le corps du son de Primal Scream qui, au-delà des genres, définit le rock d'aujourd'hui comme un melting-pot musical de ces 50 dernières années. La participation de Kevin Shields, ex-guitariste de My Bloody Valentine, assure la présence de guitares abrasives qui viennent salir les textures synthétiques, infusant l'essence d'un rock sauvage dans une musique à base de machines. Jim Reid, ancienne tête de proue du mythique groupe noisy The Jesus & Mary Chain dans lequel le chanteur des Scream, Boby Gillepsie, fit ses débuts à la batterie, vient aussi pousser la chansonnette, faisant de Primal Scream un « super groupe » dans lequel officie aussi l'ex-bassiste des Stone Roses.

Primal Scream qui a parfois été épaulé par Steve Jones (Sex Pistols) sur scène - une validation en quelque sorte - s'impose comme le digne héritier du punk de la première heure comme les furieux « City » (une version musclée de « Sick City » que l'on retrouve sur Bow Down to the Exit Sign de David Holmes) , « Scanner Darkly » et « Rise » en témoignent. Le groupe ressuscite la hargne et le son sale des disques des Stooges, donnant par la même un coup de pied dans la fourmilière de jeunes clones qui émergent en ce moment. Le single infernal « Miss Lucifer » - très proche de « Swastika Eyes » d'Xtrmntr - capte l'énergie du punk qu'il recycle dans la musique électronique.

« Detroit » (avec Jim Reid) et « Lord Is My Shotgun » sont des blues électroniques venimeux. Le psychédélisme, que ce soit sous sa forme la plus sombre (Velvet Underground) ou dans la lignée du flower-power, est aussi présent à travers « Deep Hit of Morning Sun », « Some Velvet Morning » (avec Kate Moss en clin d'oeil à Nico) et « Space Blues No. 2 » ; trois chansons où Primal Scream vous rappelle aussi qu'il est bel et bien l'auteur de Screamadelica, l'un des albums phares des années 90.

Evil Heat est artistiquement moins percutant qu'Xtrmntr, l'album du grand retour de Primal Scream après une poignée de disques décevants, mais permet au groupe de revendiquer ses origines et revenir aux sources de son rock mâtiné d'électronique. Entre un retour sur les différentes phases musicales de sa carrière et un hommage à ses aînés, Evil Heat est sur la bonne voie quant à assurer à Primal Scream une immortalité bien méritée.

  Fred Thom

     Primal Scream : Xtrmntr
     Primal Scream en concert à Los Angeles


     Make Beats
     Backstage Passes
     Custom Socks