Avec : Kieran O'Brien, Margo Stilley, Bobby Gillespie, Franz Ferdinand
Scénario : Michael Winterbottom
Titre Original : 9 Songs
Durée : 1:09
Pays : GB
Année : 2005
Site Officiel : 9 songs
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69 minutes de fiel et de décibels. Winterbottom, réalisateur aussi prolifique qu'hétéroclite, livre avec 9 Songs, un film qui cherche à s'affranchir des tabous du sexe. Et qui y parvient. Sensuel au possible.
Winterbottom voulait adapter Plateforme, le roman de Michel Houellebecq, mais l'écrivain projette lui-même de porter à l'écran son œuvre. Poursuivant son désir de représenter le sexe au cinéma sans compromission, le cinéaste se lance dans une œuvre personnelle qui porte en elle une force à l'état brut. Tourné à la Dogma, en lumière naturelle et en DV, le film suit les ébats passionnés entre une étudiante américaine et un Anglais, qui se rencontrent lors d'un concert de Black Rebel Motorcycle Club. Rien ne se passe durant ces symboliques 69 minutes, sinon les sorties du couple aux concerts de groupes phares de la scène pop rock, comme Franz Ferdinand, Von Bondies, ou encore Elbow, qui entrecoupent leur vie sexuelle.
Les amateurs apprécieront les scènes tournées lors de ces prestations live, à la manière d'un documentaire restituant l'énergie des artistes sur scène. Winterbottom s'était déjà illustré dans cet exercice avec son hommage à la Factory dans 24 Hour party people. Ici, le rock rime, comme toujours, avec sexe et drogue (à peine quelques lignes de cocaïne), même si on peut reprocher au montage de ne pas réussir à lier les différentes séquences.
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Mais la réussite de l'entreprise réside avant tout dans la représentation naturaliste et décomplexée de la sexualité. Les scènes de coït, explicites, ne se retranchent pas derrière un puritanisme embarrassé. Elles évitent l'écueil de la vulgarité à l'oeuvre dans certains films pornographiques. Les acteurs, Kieran O'Brien et Margo Stilley, se donnent corps et âme.
Ici, le plaisir et l'émotion sont contagieux. L'enchaînement des séquences de sexe, des pratiques SM à la sortie dans une boîte d'échangistes, en passant par l'incontournable fellation, excède le catalogue des fantasmes de Winterbottom. Son film s'attache avant tout à repousser les limites de la représentation du sexe à l'écran. Comme dans In this World, qui mêlait fiction et documentaire, 9 Songs s'attache à coller à une forme de vérisme. Sans esbroufe, donc sans effet. Scénario réduit à son plus simple appareil, économie de dialogues. Ici, pas d'intellectualisation de la chose ni de théorisation oiseuse, et encore moins une volonté de provoquer, si ce n'est celle de donner à éprouver le désir. Certains y trouveront fatalement de l'ennui, les autres salueront cette célébration sans concession de la passion.
Au final, 9 Songs, malheureusement interdit aux moins de 18 ans en France, s'affranchit des impératifs de performances inhérents au genre, au bénéfice de l'émotion et des sensations. Ce qui le rend hautement efficace. Pour ne pas dire troublant.
9 songs Critique du film [9 Songs]
