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La Cité de Dieu













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La Cité de Dieu
Réalisé par Fernando Meirelles

Avec : Matheus Nachtergaele, Seu Jorge, Alexandre Rodrigues, Leandro Firmino da Hora
Durée : 2:10
Pays : Brésil
Année : 2003
Web : Site Officiel
La Cité de Dieu retrace la dure existence d'enfants perdus au cœur d'un environnement hostile et implacable, celui des favelas de Rio de Janeiro. Dans cette première œuvre brûlante, plutôt que de « recréer » un monde tragique de crime, pauvreté et corruption, le réalisateur Fernando Meirelles préfère nous emmener avec sa caméra dans les bas-fonds d'une réalité cruelle à laquelle nous sommes irrémédiablement confrontés.


La Cité de Dieu, tout comme la violence qu'elle dépeint, est un cercle vicieux. Dans une ouverture haletante, nous découvrons des enfants à la poursuite d'un poulet échappé puis Rocket (Alexandre Rodrigues) qui se retrouve soudainement pris en tenaille par la police d'un coté et les gangs de l'autre. Comment en est-il arrivé là ? Dans une séquence à la Matrix, la caméra tourne autour de Rocket, l'enveloppe, pour le ramener dans les années 60, sur un terrain de foot boueux.

C'est à travers ses yeux que l'on découvre la Cité de Dieu, de sa naissance avec l'arrivée des pauvres à l'isolation qui aboutit à la montée du crime puis à l'explosion d'une violence inévitable. On est témoin du premier meurtre perpétré dans un bordel par Lil Dice, le plus jeune membre du gang qui deviendra le parrain Lil Ze (Leandro Firmino da Hora). On sait pertinemment ce qui va arriver, La Cité de Dieu suivant les conventions du film de maffia.

La corruption de la police, la drogue et la guerre des gangs sont explorées dans ce film épique sur le Brésil qui démontre le mécanisme progressif de la violence. Dans une scène amusante mais inquiétante, on suit l'histoire d'un appartement : tout commence avec une petite vieille vendant de l'herbe et finit en plaque tournante du trafic de cocaïne. La vie dans la pauvreté n'a pas de valeur dans la cité et comme dans toute autre ville, l'appartenance au gang fait figure de reconnaissance sociale et procure une ressource matérielle.

C'est dans cet environnement empreint de folie qu'évolue Rocket, découvrant les joies de l'amour et de la drogue avant d'embrasser sans conviction la carrière de gangster. En proie à des états d'âme, il n'est pas enclin à dépouiller n'importe quelle victime, surtout lorsqu'il s'agit d'une jolie fille ou du chauffeur de bus qui a toujours été bon avec lui. Il est plutôt un observateur, un photographe qui ne peut intervenir. Il essaie seulement de survivre, aux antipodes de la figure héroïque.

Fernando Meirelles a été comparé à juste titre à Martin Scorcese. On retrouve dans La Cité de Dieu et Gangs of New York des thèmes identiques comme la montée en puissance d'une classe sociale ignorée et le recours à une violence exacerbée et absurde. Les deux cinéastes savent brosser le portrait de monstres à dimension humaine et infuser quelques moments d'apesanteur au milieu du chaos. Ainsi lorsque Lil Ze coince un groupe de jeunes gangsters s'attaquant avec arrogance à leurs aînés, les enfants, d'abord défiants, se mettent à pleurer lorsque le caïd les force à exécuter l'un des leurs ; les loups se sont soudainement transformés en brebis.

La Cité de Dieu est aussi visuellement inventive, la coloration du film étant associée à la tonalité des séquences. Les années 60 sont filmées dans des tons jaunâtres et dorés qui créent une sensation d'espoir et de nostalgie alors que le bleu prédomine dans les années 70. Il faudra attendre la fin pour revoir clairement la lumière du jour, hormis pour quelques images de la plage, l'ensemble étant enveloppé d'obscurité. Rocket est un photographe de talent et son appareil furtif et précis se faufile au détour des allées pour capturer les moments de violence. La séquence de la soirée qui termine en fusillade est particulièrement réussie quant à en reproduire l'intensité.

La brutalité de Lil Ze explose après l'assassinat de son bras droit (Phelipe Haagensen), un gangster « cool » qui seul savait canaliser son tempérament et le protéger. La dernière partie du film fait ainsi la chronique d'un carnage. S'il est impossible de savoir qui tue qui, les règlements de compte sont aussi de la partie, un enfant en profitant pour se venger de l'assassin de son père. Sonnant comme un glas, le message est clair : l'engrenage de la violence est irréversible et le seul espoir est de tout quitter.

Les media sont un autre thème du film, les gangsters étant sensibles au pouvoir de la publicité. Ainsi Lil Ze, à l'instar de Renée Zellweger et Catherine Zeta-Jones dans Chicago, adore voir sa photo dans les journaux et en redemande. Si d'un coté, la presse est assoiffée de ces crimes atroces qu'elle associe à la pauvreté, les gangsters s'en délectent d'autant plus que cette image contribue à durcir leur réputation. Rocket joue sur les deux plans en immortalisant avec sa caméra les méfaits de Lil Ze : si son rôle de photographe lui permet de se dissocier de ce monde, son implication - indirecte - est pourtant bien réelle.

Epopée tragique qui débute et s'achève dans le sang de la rue, La Cité de Dieu résonne des battements de cœur de ceux qui luttent pour le pouvoir et de ceux qui luttent pour s'en sortir.

  Anji Milanovic


     Blindness

     Popular Organization and Democracy in Rio De Janeiro: A Tale of Two Favelas,
       Robert Gay, Temple Univ Press, 1994.




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