Avec : Leonardo DiCaprio, Daniel Day-Lewis, Cameron Diaz, Roger Ashton-Griffiths
Durée : 2:40
Pays : USA
Année : 2002
Web : Site Officiel
Basé sur : Roman
|
|
Il semblerait que Martin Scorsese n'ait pu échapper à la malédiction qui frappe ces œuvres démesurées sensées recréer avec authenticité les premières heures de la nation américaine. Après La Porte du Paradis et Révolution, Gangs Of New York est la dernière victime d'un rêve de grandeur inaccessible, le film ne réussissant jamais à trouver une juste mesure entre la fresque historique et le mélodrame.
Leonardo DiCaprio incarne Amsterdam, un jeune homme d'origine irlandaise bien décidé à venger la mort de son père (Liam Neeson). Pour se faire, il joint le gang du meurtrier, le cruel Bill The Butcher (Daniel Day-Lewis), dont il devient le protégé. Il découvrira aussi l'amour dans les bras d'une prostituée pickpocket (Cameron Diaz) et assumera son destin jusqu'au bout.
Réputé pour sa production chaotique, ses dépassements de budgets, sans oublier sa date de sortie maintes fois repoussée, Gangs of New York était en quelque sorte devenu l'Arlésienne du cinéma américain. Tous ces problèmes se sont sans aucun doute répercutés dans le film qui souffre justement d'un manque de spontanéité. A trop vouloir chercher la perfection, Scorsese s'est laissé dépassé par son sujet qui a fini par l'engloutir. Gangs Of New York baigne en effet dans l'excès, que ce soit au niveau de la narrative, de la mise en scène ou du jeu des acteurs.
Si la prémisse est assez simple, utilisant comme moteur de l'histoire la vengeance, un thème habituellement associé aux westerns spaghetti, la fin « apocalyptique » tente maladroitement d'entremêler le contexte historique et les diverses intrigues. Le procédé qui n'est pas sans rappeler Titanic s'avère non seulement exaspérant mais diminue considérablement la crédibilité de l'ensemble. Au contraire du film de James Cameron qui nous était ouvertement présenté comme un film catastrophe romantique, Gangs Of New York porte la signature de Scorsese dont la réputation de cinéaste sérieux s'accorde mal avec ce genre d'artifices mélodramatiques.
Supporté par une cinématographie visuellement riche, Scorsese nous ballade, par l'entremise de ses personnages, dans les rues grouillantes de New York, des bas-fonds aux salons luxueux, prenant soin de nous en faire rencontrer les habitants, immigrants de tous bords. Si l'amour du réalisateur pour sa ville est perceptible dans la manière dont il la filme, le portrait n'est cependant pas toujours flatteur. Chaque scène est ainsi surchargée et porteuse d'un parfum de décadence et inévitablement le film bascule dans la grandiloquence. Plus grave, par moment le style devient ampoulé, comme dans la séquence d'ouverture indigeste où la bataille est filmée à la manière d'un clip vidéo. Paradoxalement pour un tel long métrage empreint de gigantisme, le meilleur moment est lorsque Scorsese pose sa caméra et Day-Lewis baisse le ton, scène intimiste où Bill se confie à Amsterdam tout en se balançant dans sa rocking-chair.
Le jeu des acteurs n'a pas non plus été épargné par l'excès. Leonardo DiCarprio fronce les sourcils et bombe le torse pour se donner un air dur tandis que Cameron Diaz ressemble plutôt à Alice (du Pays des Merveilles) tombée en plein cauchemar. Daniel Day-Lewis est sans aucun doute le centre vital de Gangs of New York, éclipsant le reste de la distribution. Son interprétation incandescente rend chaque moment en présence de ce monstre jouissif, mais il prend aussi le risque de souvent se brûler dans la caricature.
Dans un plan final discutable, Scorsese a choisi d'inclure un autre événement historique en montrant les deux tours du World Trade Center. Si le message est clair, soulignant la capacité des New Yorkais à reconstruire leur ville, au-delà de son aspect opportuniste, il confirme l'impression de fourre-tout que l'on s'était faite de Gangs of New York.