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CQ
Réalisé par Roman Coppola

Avec : Jeremy Davies, Angela Lindvall, Élodie Bouchez, Gérard Depardieu
Durée : 1:31
Pays : USA/France/
Italie
Année : 2001
Web : Site Officiel
Avec CQ, Roman Coppola signe une charmante ode au cinéma de science-fiction des années 60 et une satire légère d'un cinéma européen en transition.

Jeremy Davies incarne Paul Ballard, un aspirant réalisateur américain vivant à Paris. Si le jour, il travaille sur Codename Dragonfly, une coproduction italienne de science-fiction dans la veine de Barbarella, il fait surtout ses premières armes de cinéaste en filmant sa vie de tous les jours avec sa compagne Marlène (Élodie Bouchez). Mais lorsque Andrzej (Gérard Depardieu), le réalisateur de Codename Dragonfly est viré du tournage par le producteur à cause de divergences artistiques concernant la fin du film, Paul se voit appointer réalisateur avec pour mission de créer une fin spectaculaire. Son film personnel expérimental prendra un tournant inattendu alors qu'il tombe amoureux de Valentine (Angela Lindvall) et du personnage Dragonfly qu'elle interprète.

Comédie ironique non dénuée d'affection pour ses protagonistes, CQ alterne entre la vie de Jeremy, son propre film et Codename Dragonfly, amenant le spectateur à suivre trois films en un. Une narrative intéressante qui entremêle les deux films avec la vie de Jeremy, ce qui crée non seulement un suspense au niveau des deux films dans lequel Coppola nous immerge mais aussi donne un aperçu des coulisses d'un tournage.

Si l'on s'amuse sûrement à regarder le pseudo-Babarella Codename Dragonfly, c'est surtout la critique du cinéma de l'époque qui prévaut. A commencer par Gérard Depardieu - ressemblant étrangement à Françoise Sagan - dans la peau d'un artiste torturé de gauche qui veut faire de son film un message politique. Tourné en plein mai 68, Codename Dragonfly présente un extraterrestre révolutionnaire (Billy Zane) sosie de Che Guevarra (une intrigue ébauchée par Aelita, film muet soviétique qui mélangea science-fiction et socialisme dés 1924). Le producteur italien symbolise quant à lui la grande heure de Cinnecita, tandis que son personnage est bâti comme un hommage à Marcello Mastroianni.

Au centre du film et de la critique du milieu cinématographique on trouve évidemment Jeremy, une sorte de Jean-Luc Godard en devenir. Tourné en noir et blanc son film expérimental comporte des gros plans de tasses à café et autres « éléments spectaculaires » qui amènent sa copine à s'exclamer que son film est « chiant ». Les critiques pédants qu'il imagine semblent partager le même avis. Son petit film ne trouvera le succès qu'auprès d'une poignée d'intellectuels dans un festival du film d'auteur. Coppola se moque ainsi gentiment d'un certain cinéma prétentieux de l'époque et semble situer la place du cinéaste à mi-chemin entre l'art et le populaire. Sa propension à avoir des visions, dénote du monde irréel bien loin de la réalité dans lequel vivent les cinéastes (voir la scène où il s'imagine face aux critiques mais est en fait assis sur les toilettes).

Le film recèle aussi quelques clins d'œils, ce qui ne saurait étonner de la part de quelqu'un qui a grandi avec un accès privilégié au monde du cinéma. Outre la présence de sa sœur dans une caméo, on ne pourra rater l'ingénieuse mention aux lunettes de son père (dans le film) qui sont évidemment celles de son père, Francis Ford.

La distribution est impeccable, de Jeremy Davies qui incarne parfaitement un artiste timide à un jubilatoire Depardieu en passant par une très « Barbarella » Angela Lindvall, sans oublier Élodie Bouchez en copine qui n'en peut plus.

CQ pèche certainement d'un excès d'affection pour son sujet, puisque le film s'étire un peu sur la longueur. Coppola s'attarde trop sur les scènes de Codename Dragonfly, tandis que la fin du film trouve un peu trop facilement inspiration dans la nuit italienne de Jeremy.

Tout à son honneur, Roman Coppola a su se démarquer du cinéma de son père pour son premier film, et le résultat prouve son talent de cinéaste à part entière.

Entre souvenirs de jeunesse et satire gentillette, CQ est un film sans prétention qui remplit bien son rôle de divertissement rétro.

  Fred Thom




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