Avec : Ogi Shigemitsu, Kuroki Hitomi, Tokui Yu, Minakawa Asami
Durée : 1:41
Pays : Japon
Année : 2003
Web : Site Officiel
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Nouvel enfant terrible du duo qui avait transformé nos postes de télévision en de soudains objets de terreurs non, je ne parle pas des deux finalistes de Star Academy mais de l'écrivain Koji Suzuki et du réalisateur Nakata Hideo auxquels on doit les deux Ring , Dark Water tente une fois de plus de nous filer la frousse avec une jeune revenante, troquant une cassette vidéo pour des trombes d'eau.
Yoshimi (Ogi Shigemitsu), mère divorcée, aménage avec sa fille dans un de ces grands immeubles austères et froids où les concierges ne sont jamais là quand on a besoin d'eux. Dés les premiers jours elle constate que l'eau fuit du plafond tandis que des bruits de pas incessants se font entendre. Alors que la fuite se répand à tout l'appartement, la jeune femme déjà fagilisée par des problèmes de divorce, est aussi tourmentée par un petit sac en plastique d'enfant qui réapparaît inlassablement, même après avoir été jeté à la poubelle. Afin d'élucider ces phénomènes, Yoshimi devra confronter une influence paranormale.
On retrouve dans Dark Water des thèmes récurrents chers à Suzuki et Hideo. Si l'eau a généralement dans le cinéma une valeur purificatrice, rédemptrice et vitale, permettant souvent aux personnages de renaître (voir les récents Turbulence des Fluides et Respiro), chez Suzuki elle est porteuse de mal, et source de vie pour des revenants ingrats et vengeurs. Dans Ring, la jeune fille jetée dans un puits ressuscitait sous la forme d'un spectre vindicatif alors qu'une piscine servait de bassins à fantômes dans Ring 2 ; dans Dark Water l'eau a les même vertus et quiconque est familier avec Ring devinera dès le début quelle est, et surtout où se trouve la source du mal. Cette obsession de Suzuki pour l'eau est intrigante, et on peut se demander si elle ne trouve pas une origine dans les pluies acides qui frappèrent le Japon après les explosions des bombes atomiques.
Suzuki semble aussi obnubilé par l'éclatement du noyau familial et la recrudescente de familles monoparentales où la femme élève seule les enfants. Si ce thème semble refléter une tendance accrue affectant la civilisation japonaise, on peut voir dans l'inondation un châtiment divin exercé à travers cet élément. Dans Dark Water comme dans Ring, les apparitions sont motivées par un manque parental affectif. Dans Ring la jeune fille a été tuée par son père et elle revient pour se venger tandis que dans Dark Water elle se considère abandonnée et cherche une nouvelle présence maternelle. Là où Kinji Fukasaku dépeignait une dérive de la jeunesse dans Battle Royale, Suzuki semble en désigner la cause, l'irresponsabilité parentale.
Si l'œuvre de Suzuki est riche en thèmes sous-jacents, Dark Water se liquéfie au contact de l'écran pour s'évaporer une fois vu. Fruit d'un tarissement d'inspiration ou d'une soif de succès commercial, la trame s'avère identique à celle de Ring, ce qui rend le film prévisible, lui donnant des allures d'ersatz. Outre par l'utilisation des fuites d'eau, le long métrage tente d'initier la peur avec le petit sac d'enfant, mais il n'arrive jamais à créer l'étincelle. Qu'il y-a-t'il de si effrayant dans ce sac ? Un recueil de pensées de Vin Diesel ? Le DVD de Pola X, version longue ? Le CD de Jennifer Love-Hewitt ? Rien de tout cela, et on ne peut être qu'étonné de penser que Suzuki et Hideo aient cru nous faire peur avec une simple sac d'enfant. En privilégiant l'atmosphère plutôt que les effets Hideo distille tellement la peur qu'il finit par la noyer dans un immobilisme dont né l'ennui. A l'instar de Ring, il faut attendre la fin pour enfin frissonner, mais cette fois-ci la narrative rabâcheuse n'a pas permis de soutenir notre intérêt jusque là. L'inondation a tourné à la douche froide.