critique de Hollywoodland
|
Le principal tort d'Hollywoodland est de nous parvenir quelques semaines seulement après le tortueux, putride et munificent Dahlia Noir. Même focalisation sur la décadence d'une industrie dévoyée et son oblitération diligente des êtres au profit d'icônes, même union consommée de pathétisme et de fascination, même reconstitution soignée et vénéneuse d'univers et de corps calcinés de doutes ou de désirs. Mais la comparaison s'arrête là puisqu'au contraire des bulldogs Ellroy-De Palma ou du poète Lynch (Mulholland Drive) Allen Coulter entreprend de circonscrire au minimum la sage dialectique d'une enquête faussement sulfureuse - et surtout éventée car ne brocardant que les diverses théories établies - et du cheminement psychologique d'un époux et père inapte. De fait le final en creux résonne étonnement faux dans le processus de dessiccation à l'œuvre sur la - longue - durée du métrage des psychés empesées aux confins d'archétypes et d'atours stérilisants (alcoolo désillusionné, salaud sardonique, déchets sadisés, mère au foyer ruminant sa dignité…). Conscient d'incarner cette fable de l'avènement du média télévision et des dérives de la starification domestique, le cinéaste, fils putatif de la lucarne (Sex & The City, The Sopranos…), sait user de sa relative inexpérience à gérer l'envergure du dispositif cinématographique - pour son premier film il évite de s'engouffrer dans les brèches écaillées d'une neutralité vernissée - afin de nourrir l'aride dichotomie de son intrigue (narration parallèle) d'un ton résolument débonnaire et moderne - l'interprétation détachée d'Adrien Brody assurant une cohésion chancelante. Malgré ces velléités de bon aloi, le point d'achoppement du récit émerge à chaque changement de strate - géomancie et temporalité balayées par le reflux. Le fait que l'un des deux pans l'emporte habilement (chronique grisée d'une gloire éphémère vouée à la décrépitude) sans que ses miasmes spongieux n'atteignent l'autre côté - seule la dernière scène s'impose cette communication entre dégradation, cupidité et humanité - réduit la mise en scène à de simples feulements bien prosaïques. A l'instar des Hommes De L'ombre, les turpitudes relatées en mode mineur acquièrent un suc dissonant - recroquevillé et mortifère - jaspé de spleen. Certainement par la propension unaire du long métrage à se concentrer non sur son absence évanescente de réel sujet mais bien sur lui-même en tant que pur signifiant. Dès son amorce le voici cantonné en son propre giron (motel crasseux), épiant et se mirant à loisir dans l'eau croupie de la piscine tantôt désaffecté et rebuté, tantôt enfiévré et pervers. Echapper à la polarité tortionnaire de ses deux constituants démiurges lui devient impossible tant l'espace et ses perspectives semblent cloisonnés. Il bute littéralement sur cette limite ténue mais néanmoins abyssale et l'horreur de se faire jour : il est impossible à George Reeves de disparaître de la pellicule pour exister d'une manière pérenne dans un quelconque champ aveugle. Malédiction terrifiante et ductile qui émaillait également le mouroir Demonlover, la rage et les déplétions cendreuses en moins.
|
MAILING LIST
Recevez nos critiques par e-mail Gratuit & sans spam |