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Immortel (ad vitam)













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Immortel (ad vitam)
Réalisé par Enki Bilal

Avec : Linda Hardy, Charlotte Rampling, Thomas Kretschmann, Thomas Pollard
Scénario : Enki Bilal
Durée : 1:42
Pays : France
Année : 2004
Après deux incursions au cinéma quelque peu décevantes, Enki Bilal revient avec une œuvre à la mesure de son talent graphique et pictural, en adaptant la bande dessinée qui a assis sa réputation. Pour les fans avant tout, et les amateurs de grand spectacle.

Transposer sur grand écran une bande dessinée mythique a toujours été une gageure. Enki Bilal a eu l'intelligence de réécrire librement l'histoire de sa trilogie Nikopol pour en faire une œuvre personnelle à part, évitant d'afficher une volonté de rivaliser avec les superproductions hollywoodiennes. Immortel (ad vitam) prouve rapidement que les Matrix (et ses petites pilules) et autres Stargate (et ses pyramides venues de l'espace) n'ont rien inventé, quand ces films ne se sont pas inspiré directement de l'univers crasse et coloré du dessinateur. Même si les références et les clins d'œil à des films mythiques, comme Blade Runner ou Metropolis, s'avèrent évidentes. Dès les premières images de cette sombre histoire d'amour sur fond de dictature eugéniste, on est frappé par le soin apporté aux détails : décors, textures, costumes, nuances de couleurs, fruits de quatre années de labeur.

Immortel (ad vitam) raconte l'histoire d'un dieu extraterrestre dissident, Horus, qui bénéficie de sept jours avant de se voir déposséder de son immortalité par ses pairs. Quittant la pyramide qui stationne au-dessus de New York, en 2095, il cherche un corps hôte qui lui servira à atteindre son but : féconder une mutante et survivre à travers sa progéniture. Il jette rapidement son dévolu sur Nikopol, lui-même un dissident du siècle dernier, hibernant dans sa prison géostationnaire, puis sur Jill, mystérieuse femme aux larmes et aux cheveux bleus. On retrouve dans cette intrigue la trame des deux premiers épisodes de la trilogie (la Foire aux immortels et la Femme piège, respectivement publiés en 1980 et en 1986), même si les références au dernier volume (Froid équateur), plus volontiers tourné vers l'exotisme et l'humour, se retrouvent dans certains éléments du scénario, notamment l'« intrusion », sorte de hiatus climatique en plein Central Park, où la température avoisine celle des pôles. Nombre de personnages clés ont disparu, comme le fils de Nikopol, au profit des trois principaux protagonistes, et de certains autres, spécialement créés pour l'occasion, comme celui de Elma Turner (Charlotte Rampling), scientifique protectrice de Jill. Avec Nikopol (Thomas Kretschmann) et Jill (Linda Hardy), elle compte parmi les seuls personnages de chair et de sang. Tous les autres apparaissent sous des traits numérisés qui, à défaut de paraître réalistes (mais est-ce le but ?), ont l'avantage de rester fidèles au style graphique de Bilal. Le tout animé et en 3D. Si les personnages en images de synthèse s'apparentent à ceux qu'on trouve dans les séquences cinématiques des jeux vidéo actuels, leur design garde toute l'essence de leur modèle en deux dimensions. Cette richesse se retrouve dans les décors qui mélangent savamment, comme dans la BD, éléments du XXe siècle et détails futuristes. Bilal a su intégrer sa culture d'Europe de l'Est dans les anachronismes architecturaux ou technologiques, témoins ces lignes de tramways, suspendues dans le ciel, auxquelles s'accrochent les taxis et autres véhicules.

Immortel (ad vitam) risque pourtant d'en décevoir plus d'un. Ici, peu de scènes d'action, à peine quelques corps qui implosent (et encore, derrière une porte aux vitres fumées) ; juste un monstre tout droit sorti d'une nouvelle de Lovecraft, s'extirpant du carrelage d'une salle de bain ; deux scènes de poursuite qui tournent court ; et une intrigue aux ramifications qui, comme dans la BD, débouchent sur des questions sans réponses. Exemples : d'où vient Jill ? Pourquoi l'examen de son anatomie révèle qu'elle n'existe que depuis trois mois ? Ou encore : qui est John, ce mystérieux homme en noir au visage masqué ? Qu'importent ces questions. Puisque l'ensemble assume son rythme, appuyé par des partitions léchées et ambient, comme celles du groupe Sigur Ros, et le mystère participe de la richesse de l'univers de Bilal, qui mélange savamment humour pince sans rire (Horus et Nikopol s'en donnent discrètement à cœur joie), pessimisme visionnaire et poésie (Nikopol connaît les Fleurs du Mal de Baudelaire par cœur). Première œuvre véritablement digne du génie de Bilal, Immortel (ad vitam) apporte également une réponse solide aux productions globalisantes, en refusant le plagiat et en développant sa propre identité, quitte à laisser certains spectateurs sur leur faim. Ceux qui restent à table seront récompensés, puisqu'il leur sert l'ivresse dans un beau flacon.

  Moland Fengkov





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