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Metropolis















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Metropolis
Réalisé par Fritz Lang

Avec : Alfred Abel, Gustav Fröhlich, Brigitte Helm, Rudolf Klein-Rogge
Durée : 1:55
Pays : Allemagne
Année : 1926
Avec Metropolis, Fritz Lang signa dès 1926 l'un des premiers blockbusters de l'histoire du cinéma. Contrairement aux grosses productions du moment, son film n'en était pas pour autant dénué d'une dimension politique et artistique.

Johhan Fredersen (Alfred Abel) est le gouverneur autoritaire de Metropolis, une ville divisée entre un monde supérieur paradisiaque et des souterrains ténébreux proches de l'enfer de Dante. Ses plans d'annihiler ses esclaves seront contrecarrés par la rencontre entre son idéaliste de fils Freder (Gustav Fröhlich) et la belle Maria (Brigitte Helm). L'homme tentera de semer la discorde grâce à un robot ayant les traits de Maria mais une révolution remettra tout en ordre.

Un blockbuster avant l'heure

Alors que d'autres classiques allemands comme Nosferatu et Le Cabinet du Dr. Caligari sont toujours aussi fascinants par leur dimension artistique, Metropolis sombre trop souvent dans l'excès. Lorsque l'on sait que le réalisateur termina sa carrière à Hollywood dans des productions plus que douteuses, on comprend alors son goût pour le grand spectacle qui se marie étrangement avec les fins politiques et artistiques du projet.

Doté d'un budget de plus de 7 millions de Marks, un montant colossal pour l'époque, Metropolis nécessita plus d'un an de tournage et près de 37 000 figurants. Si le coût de la production transparaît dans le gigantisme des décors et les effets spéciaux, le film a pourtant mal vieilli. Les décors de science-fiction opposant une cité ultramoderne grandiose à un monde souterrain terne firent sûrement sensation dans les années 20, tout comme la naissance du robot dans des halos de lumière.

Si l'on peut être impressionné par la production d'effets aussi innovateurs, il est plus difficile de digérer d'autres aspects du film. Outre son interminable longueur, le jeu outrancier de certains acteurs et surtout une mise en scène trop commerciale viennent ternir l'aura du film. Certains passages tournent au ridicule comme le final sur les toits digne de n'importe quel film de cape et d'épée et son happy end moraliste trop naïf. On notera aussi la propension du film à recycler, autre qualité des productions actuelles. La naissance du robot rappelle bien évidemment celle de Frankenstein et sa condamnation au bûcher le sort qui était réservé aux sorcières au moyen âge.

Metropolis & l'Art

L'appartenance artistique du film se manifeste dans deux éléments précis, l'architecture et la foule, qui parfois se rencontrent. Tout comme dans Le Cabinet du Dr. Caligari et Nosferatu, les décors, mais aussi ici le peuple, sont si prépondérants qu'ils en deviennent des personnages à part entière. L'utilisation d'une architecture aux formes très géométriques témoigne d'une stylisation expressionniste tout comme les longues rangées monotones d'esclaves qui, par moments, se fondent avec le paysage urbain pour en devenir une extension. Avec ses grosses machineries et sa noirceur contrastant avec la fluidité du monde du haut, l'underworld emprunte aussi le thème de la révolution industrielle cher aux peintres allemands du début du siècle.

La dimension politique

Sous ses airs de film de science-fiction à grand spectacle, Metropolis ne cache guère ses ambitions politiques. La ville du haut et son gouverneur sans scrupule reflète le capitalisme et, plus particulièrement, le système américain, Metropolis ressemblant clairemement à New York. Les esclaves symbolisent le peuple ou "les masses" qui sont exploitées par le capitalisme. Leur présentation comme des êtres serviles dénués de toute personnalité et d'esprit en fait presque des robots, ce qui signifie que le film ne prône pas pour autant le communisme. La fin avec la réconciliation entre le "patronat" et le "peuple" ne peut que traduire l'état d'esprit allemand partagé entre les modèles américain et le russe.

La principale critique du long métrage va sans aucun doute à l'encontre de la société allemande. Les esclaves rappellent leurs homologues égyptiens qui construisirent les pyramides tandis que certains décors comme les stades et la façade de l'usine ressemblant à un dieu renvoient à la civilisation romaine. On pense inévitablement au nazisme qui s'inspira fortement de cette imagerie antique. Le film peut donc être qualifié de visionnaire tout comme Le Cabinet du Dr. Caligari et Nosferatu.

L'influence de Metropolis sur le cinéma moderne

Le film de Lang marqua sans aucun doute le cinéma de science-fiction à tout jamais. Sa vision de la ville a fortement influencé un pilier du genre comme Blade Runner tandis que le robot a depuis maintes fois été réutilisé, de C3PO de Star Wars au Terminator. Sans oublier la fin familière à grand spectacle qui n'en finit plus. Il n'est donc pas étonnant que Lang soit l'une des premières importations allemandes à Hollywood, le tournant commercial de ses dernières réalisations en étant la continuation -ou dérive- logique.

Si Metropolis a survécu à ses défauts toutes ces années, c'est probablement pour témoigner du manque d'inspiration du cinéma contemporain dont la seule évolution semble avoir été technique.

C'est dans ce contexte qu'il faut l'apprécier.

  Fred Thom

     Cinema And Painting, Angela Dalle Vacche, Texas Press
     Film Architecture: Set Designs from Metropolis to Blade Runner,
       Dietrich Neuman, Prestel
     The Haunted Screen, Lotte H Eisner, California Press
     De Caligari à Hitler: Histoire du Cinéma Allemand, Siegfried Kracauer, Broché


     Le Cabinet du Dr. Caligari
     Nosferatu




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