La Science des Rêves movie review DVD critique de La Science des Rêves



 

 



La Science des Rêves review

La Science des Rêves

:. Réalisateur : Michel Gondry
:. Acteurs : Gael Garcia Bernal, Charlotte Gainsbourg
:. Scénario : Michel Gondry
:. Titre Original : The Science of Sleep
:. Durée : 1:45
:. Année : 2006
:. Pays : France GB
:. Site Officiel : La Science des Rêves


La Science des Rêves puise sa matière dans un imaginaire exalté où des personnages d'amoureux contrariés imposent leur poétique décalage à l'écran. Dans la lignée de Eternal Sunshine of a spotless Mind, son évident pendant, ce novel opus de l'inventeur Michel Gondry déploie un charme contagieux, empreint de mélancolie.

Stéphane vit dans un monde chimérique qui voit son principe de réalité constamment vaciller. De retour en France, après le décès de son père mexicain, sa propension naturelle à la rêverie s'exacerbe face à une existence d'obscur employé de bureau et à l'attrait exercé par sa voisine de palier qui pourrait bien être son âme sœur.

Mais, chez Gondry, il n'est pas d'amour heureux. Les sentiments butent constamment contre une réalité retorse. Dès lors, l'épanouissement de la passion passe par la substitution d'un monde qui s'accorde aux désirs du héros.

Le film s'ouvre dans un décor de plateau télévisé rudimentaire, créé de toutes pièces par le fantaisiste jeune homme qui livre l'essence mystérieuse des rêves : des réminiscences, des souvenirs de la journée, des chansons... Siège de la conscience du lunatique artiste, cet improbable laboratoire cristallise les affects par où se joue l'existence fantasmatique de Stéphane. Souci de taille pour ce doux inadapté, ses rêves entrent en concurrence avec la vraie vie, rivalité qu'épouse une mise en scène labyrinthique. Sans cesse différée ou reconduite, l'idylle de facto achoppe. Car s'il est possible de savoir de quoi sont faits les rêves, l'amour résiste à l'explication scientifique. Par quelle curieuse alchimie deux êtres s'éprennent-ils l'un de l'autre ? Et alors que tout les rassemble, comment peuvent-ils se manquer ?

Loin de la bluette sucrée attendue, le film verse imperceptiblement dans la noirceur. Gondry met en scène un symptôme : le déni de réalité qui frappait également Jim Carey dans Eternal Sunshine. Progressivement, la magie cède du terrain à la schizophrénie, complexifiant une structure filmique qui d'emblée semblait se donner, limpide.

Univers onirique et réel se fondent intimement dans des séquences d'animation où s'exprime le style de Gondry, bidouilleur de génie et créateur inspiré de clips, avant une reconversion cinématographique pas vraiment concluante jusqu'à maintenant. Mais s'il éprouve encore quelques difficultés à se départir de ses afféteries formelles, Gondry tient ici le cap de son récit protéiforme. Délaissant les effets spéciaux tapageurs, le réalisateur privilégie une approche artisanale de l'image, renforcée par les matériaux qu'il utilise, feutrine et carton, d'où se dégage une étonnante sensualité. En dépit de quelques moments de flottement (l'intérêt finit par se relâcher dans les vignettes fantasmagoriques), le charme opère.

Choc des présences et de la langue, liberté des acteurs. A l'écran cohabitent des personnalités très différentes dont la rencontre savamment orchestrée enrichit une fiction délicatement borderline. La réussite du projet tient à cette matière féconde sans cesse transformée sous nos yeux rêveurs : l'hétérogénéité, la sève même du cinéma de Gondry.


  Sandrine Marques


     Tokyo !
     Eternal sunshine of the spotless mind
     Human Nature


    


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