Les Côtelettes
Réalisé par Bertrand Blier
Avec : Philippe Noiret, Michel Bouquet, Farida Rahouadj, Hammou Graïa
Scénario : Bertrand Blier
Durée : 1:30
Pays : France
Année : 2003
Site Officiel : Les Côtelettes
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Vite, une bouée ! En voulant enculer la mort, au sens propre du terme , à défaut de la noyer dans une piscine de Provence (décidément, le Lubéron ne réussit pas aux réalisateurs qui, comme Ozon et son calamiteux Swimming-pool, s'agitent dans le petit bain pour faire les intéressants), l'auteur des regrettées Valseuses se perd dans une désolante farce raciste.
Le générique aurait du nous mettre la puce à l'oreille, à défaut de l'eau à la bouche. Voir Luc Besson crédité à la production présageait d'un mauvais moment à passer, aux vues des quelques derniers étrons, estampillés EuropaCorp, échoués récemment sur les rivages du cinéma hexagonal, comme Taxi 3 ou Fanfan la tulipe. Cette alliance contre-nature stigmatise l'échec artistique de la dernière provocation de Blier.
Parce qu'une telle horreur de cinéma ne mérite aucunement qu'on s'y attarde, notons juste qu'elle met en scène deux vieux grincheux qui se partagent les faveurs d'une femme de ménage venue d'Afrique du Nord, condamnée par un cancer. Si les acteurs, toujours aussi irréprochables (Philippe Noiret et Michel Bouquet) donnent vie et corps à un texte parfois ponctué de fulgurances rhétoriques et stylistiques, les Côtelettes, adapté de la pièce de Blier lui-même, mélange divers ingrédients frelatés comme l'immigration, la politique française (« quelle différence y a-t-il entre un con de gauche et un con de droite ? »), ou encore l'homosexualité. Pour donner un plat totalement indigeste. De quoi passer la soirée aux toilettes. Parce que Blier ne craint pas de sombrer dans les clichés navrants, la jolie maghrébine vit en banlieue, subit les coups de son mari violent, mac de surcroît, et le fils deviendra une tante parce qu'il préfère la couture à la boxe.
Devant tant de bêtise, on ne crie même pas au scandale. Ce serait lui accorder trop d'honneur. Tout comme les personnages du film qui nous livrent une succulente conversation sur la merde collée aux chiottes (sic), un seul désir titille le spectateur atterré : tirer la chasse et allumer un bâton d'encens pour masquer l'odeur de ces côtelettes faisandées, préparées dans une cuisine qu'on devrait dénoncer aux services d'hygiène. Le vieux libertaire incarné par Bouquet nous avait pourtant prévenus dès son entrée : « Je suis venu vous faire chier. » Mission accomplie, Monsieur Blier.
Moland Fengkov
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