Taxi 3
Réalisé par Gérard Krawczyk
Avec : Frédéric Diefenthal, Samy Naceri, Marion Cotillard, Emma Sjoberg
Durée : 1:30
Pays : France
Année : 2003
Web : Site Officiel
|
|
Sans surprise au tournant, le moteur du bolide de Luc Besson, bien huilé par ses propres soins et par ses sbires, est réservé à ses « clients ». Les autres préféreront rester sur le bas-côté.
Nous savions déjà depuis le Second opus du taxi marseillais que Gérard Krawzyck (qui dirigera le prochain Fanfan la Tulipe avec Vincent Pérez et Pénélope Cruz, toujours chez papa Besson…) n'était pas le John Woo français, ce nouveau numéro nous confirme qu'il est capable de réaliser une « commande » (comme un Tony Scott sait le faire chez nos compatriotes d'outre-atlantique) sans y adjoindre la moindre inventivité dans les plans (ce qui n'est pas tout à fait le cas du réalisateur américain). Bien que plus soigné et moins ridicule que pour le 2, le scénario tient sur une note de taxi (ça change un peu du ticket de métro !). Nous parvenons, tout de même, à sourire grâce au numéro jubilatoire d'un commissaire Bernard Farcy en grande forme (encore un de nos comédiens abonné aux seconds rôles trop peu et mal exploité dans le cinéma français…). En revanche, on rit beaucoup moins aux mésaventures « grosses ficelles » et peuplées de chinois (ils ont évité le terme « niachoués » cette fois-ci), d'Emilien et Daniel, bien que Diefenthal et Nacéri aient une approche, à travers leurs jeux, plus mature, de leurs personnages. Marion Cotillard, quant à elle, parvient à tirer son épingle du jeu, grâce à son jeu justement, pétillant. Elle prend du plaisir dans ce registre et cela se voit !
Ce film est un produit (ce n'est pas nouveau). Ce qui l'est, en revanche, c'est les clins d'œil si lourds, appuyés et répétitifs, aux spectateurs que ces derniers vont finir par croire que la production les prend pour des bœufs. On comprend, cependant, l'intérêt de Monsieur Besson, en bon commercial, de faire apparaître les mots Europa Korps (nom dérivé de celui de sa société de production Europa Corp.) ou une affiche de Wasabi (une autre de ses productions) cycliquement.
A leur décharge, le cocktail est efficace pour qui n'est pas exigeant : cascades, humour, histoire d'amour, grands paysages. La BO (comprenant un morceau de Doc Gynéco), présentée comme le plus gros album rap de l'année, est réussie. Adaptée au produit Taxi, elle est porteuse et est pour beaucoup dans la dynamique du film. La collaboration de Busta Flex et du jeune Humphrey s'avère fructueuse et drôle. Détonant ou plutôt devrais-je dire… dépotant!
La question qu'on se pose est alors : un pur divertissement populaire doit-il se dispenser d'être intelligent ? Car c'est bien là que le bât blesse. Trop de stéréotypes, de caricatures (les Marseillais en prennent un coup) et quelques égratignures (entre autre sur la police et leur incapacité à gérer les affaires dans la ville) trop lourdes freinent ce Taxi 3. Il est dommage que la ville soit uniquement exploitée pour sa lumière, ses calanques et l'accent de ses pittoresques habitants ! La ville recèle bien d'autres richesses…
De plus, l'épisode des trois enfants maghrébins de 10 ans, brandissant des flingues, est aussi réussi que dangereusement stupide. Cela ne fait que normaliser inconsciemment ce genre de réalité en faisant rire les spectateurs de cette situation. A la place, en pleine campagne de sécurité routière, d'un faux procès ridicule fait à Luc Besson pour incitation à la vitesse au volant dans son film (les effets spéciaux et les gadgets du taxi rendant la conduite irréelle…), les politiques devraient plutôt se pencher sur cette scène et se poser des questions...
A bon entendeur, salut !
Laurence Nicoli
Fanfan la Tulipe
Taxi 2
Wasabi
|