Avec : Elijah Wood, Ian McKellen, Viggo Mortensen, Liv Tyler
Durée : 2:55
Pays : USA/Nouvelle Zélande
Année : 2001
Web : Site Officiel
Basé sur : Roman
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Fresque héroïque et grandiose, Les Deux Tours s'impose sans aucun doute comme le pilier de l'heroic fantasy, enfonçant les barrières d'un genre cloisonné et souvent grotesque pour offrir un spectacle contagieux.
Le réalisateur Peter Jackson confirme son talent pour une mise en scène fougueuse et démesurée, insufflant le souffle nécessaire à une entreprise d'une telle envergure. La caméra virevolte renforçant la notion de gigantisme de l'ensemble, qu'elle effleure les courbes gracieuses du paysage néo-zélandais ou qu'elle suive le cliquetis des épées. L'adaptation est méticuleuse aux niveaux visuels et narratifs, et le perfectionnisme non feint. La bataille finale est sans aucun doute le morceau de bravoure du film mené avec panache par Viggo Mortensen. Si son personnage d'Aragorn devient emblématique dans ce deuxième chapitre de la trilogie Tolkienne, l'acteur sait aussi éclipser ses protagonistes grâce à un charisme qui transfigure la simple figure guerrière. Le film exulte avec succès l'enfant qui sommeille en nous, réveillant sans honte des instincts puérils jubilatoires.
Mais le problème principal des Deux Tours réside justement dans une de ses forces, le parti pris de faire une adaptation fidèle et minutieuse de la trilogie. Ce deuxième épisode souffre en effet de la présence d'éléments narratifs enfantins inutiles et de thèmes embarrassants.
Le film, divisé en parties distinctes associées à différents personnages principaux, suit à juste titre les aventures d'Aragorn et Frodo, chacun de leur côté, mais s'enlise lorsqu'il nous offre les plates pérégrinations des hobbits Merry et Pippin. Non seulement les deux personnages sont fades et frisent l'anecdote, mais ils passent la plupart du film juchés sur un arbre « humain » en vadrouille dont les élucubrations ne sont en aucun cas fascinantes. L'interlude qui a des relents d'Alice au Pays des Merveilles ou du Magicien d'Oz contraste d'autant plus avec les tonalités gothiques de l'ensemble. On regrettera aussi que Jackson, après nous avoir tenus en haleine avec les poussées d'héroïsme de la bataille finale, en bâcle l'apothéose. Alors que Gandalf, tel un zorro fantomatique, arrive en renfort avec la cavalerie, on se retrouve brutalement désemparé à devoir écouter un monologue du laborieux Samwise.
Plus gênant, le monde de Tolkien semble construit sur une glorification de l'homme omnipotent qui frise trop souvent la misogynie. L'amitié virile semble y être une valeur primordiale et les symboles de l'autorité masculine ne manquent pas. Si les fameuses tours s'imposent comme les symboles d'une puissance phallique, l'oeil démoniaque peut aussi y être considéré comme une allusion à la féminité. Quant à l'odyssée de Frodo et Samwise, elle prend des airs de voyage initiatique à la découverte de leur homosexualité. Au contraire, les femmes sont le plus souvent recroquevillées de peur dans des grottes ou en train de ralentir la marche de la troupe. Quant aux trois figures féminines fortes de l'histoire (Liv Tyler, Miranda Otto et Cate Blanchett), leur contribution se limite à de furtives apparitions. On comprend alors que Jackson ait voulu développer le personnage de Tyler et une histoire d'amour afin d'essayer de nuancer le tout. Heureusement notre soif de grand spectacle nous permet de passer outre les travers inhérents à l'œuvre originale, nous laissant attendre impatiemment le troisième et dernier volet à l'écran.