Avec : Sean Connery, Stuart Townsend, Peta Wilson, Shane West Scénario : Alan Moore & Kevin O'Neill Titre Original : The League of Extraordinary Gentlemen Durée : 2:00 Pays : USA Année : 2003 Site Officiel : La Ligue des gentlemen extraordinaires

Après From Hell, l'œuvre d'Alan Moore fait de nouveau les frais d'une adaptation cinématographique avec La Ligue des gentlemen extraordinaires. Basé sur ses comics, le film retrace l'alliance d'êtres extraordinaires bien décidés à déjouer les plans maléfiques du mystérieux Phantom. Mené par Allan Quatermain (un Sean Connery à mi-chemin entre James Bond et Indiana Jones), ce groupe de superhéros inclus une belle vampire (Peta Wilson, la Nikita de la série), le sinistre capitaine Nemo (Naseerudin Shah), l'homme invisible (Tony Curran), le Dr. Jeckyll (Jason Flemyng accompagné de Mr. Hyde) ainsi que Dorian Gray (Stuart Townsend) et l'agent secret Tom Sawyer (Shane West).

Après l'ouverture, en plein cœur d'une Afrique sauvage et ensoleillée, on suit donc les pérégrinations de cette ligue, d'un continent à l'autre, traversant les océans à bord du Nautilus, de Paris à Venise en passant par l'Antartique, à la découverte d'un monde qui ressemble étrangement … à l'intérieur d'un studio. Sur le modèle de The Crow, Dark City, Moulin Rouge et From Hell, les cinéastes ont cru bon recréer à grand coup de maquettes et CGI l'univers très visuel de la bande dessinée. Si dans chacun de ces cas, l'acceptation d'un monde entièrement crée en studios se faisait à travers une stylisation extrême s'alliant parfaitement à l'atmosphère du récit (gothique pour The Crow, débridée pour Dark City, poétique pour Moulin Rouge, glaciale pour From Hell), c'est loin d'être le cas ici. La réalisation esbroufe de Stephen Norrington (Blade) contraste ainsi atrocement avec l'aspect toc du décorum. S'il n'hésite pas à nous resservir à maintes reprises les mêmes séquences, ce qui gène surtout, c'est sa propension à nous saturer de plans « sophistiqués » qui contribuent d'autant plus à la fausseté de l'ensemble : les longs travellings autour d'un Nautilus en images de synthèse au rabais viennent avec arrogance vous crier à la figure que vous êtes bel et bien pris au pièges d'un film de pacotille.

De The League of Extraordinary Gentlemen, bande dessinée à l'esthétique poussée ancrée dans l'Histoire et au fort parfum de violence et de gore, Norrington n'a retenu qu'un prétexte pour plonger ses héros dans une succession de scènes d'action brouillonnes et non spectaculaires. Malgré l'implication de certains acteurs, dont Connery, on suit sans intérêt les aventures mollassonnes de ces gentlemen dont on se lasse bien trop rapidement.

Certaines bandes dessinées, les plus singulières, ne peuvent survivre l'adaptation « en chair et en os ». A l'image du superbe Corto Maltese, la transposition en dessin animé aurait sans aucun doute été de meilleure augure.

  Fred Thom