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Max
Réalisé par Menno Meyjes

Avec : John Cusack, Noah Taylor, Leelee Sobieski, Molly Parker
Durée : 1:48
Pays : USA/Allemagne
Année : 2002
Web : Site Officiel
A première vue, un film retraçant la jeunesse d'Adolphe Hitler en tant qu'artiste n'est pas un concept très attirant. L'idée peut sembler traumatisante et provocatrice, mais le film ne l'est pas. L'auteur/réalisateur Menno Meyjes nous présente un film inattendu, dont le ton léger bénéficie de touches d'humour imprévues. Par sa volonté de marquer une certaine distance face à son sujet et à la dureté de tout récit historique, les personnages de Max gagnent en profondeur, mais le film reste superficiel.

John Cusack joue le rôle de Max Rothman, un artiste Juif, propriétaire d'une galerie d'art avant-gardiste, qui est contacté par un jeune soldat, Adolphe Hitler (Noah Taylor), qui souhaite que ses dessins soient exposés. Se noue entre les deux hommes une relation courte et étrange, entre pitié et amitié, avant que l'Histoire ne les rattrape.

Max se concentre sur une courte période : la transition de l'état d'être humain à celui de monstre. Le moment important étant celui où Hitler choisit entre la politique et l'art, Meyjes ne perd donc pas de temps à nous montrer ce qu'il advint ensuite. Il ne se pose pas non plus en juge de ses personnages. Il s'intéresse plus à l'improbable relation entre deux personnalités opposées, le Juif et le raciste, et à deux formes de communication opposées, l'art et la politique. Pour éviter les lourdeurs d'un drame, il injecte de fortes doses d'humour dans son film, des amusants événements avant-gardistes aux pointes d'ironie contrastant entre Hitler — l'artiste — et ce qu'il deviendra. Dans le film, Hitler est montré comme un être humain et un artiste, frustré et pathétique. Certains pourraient se plaindre de cette simplification d'un horrible personnage, mais de récents évènements, tels le massacre de Columbine, ont montré que ce sont parfois les personnes les plus pathétiques et frustrées qui portent en eux le plus de haine.

Un des aspects intéressants de Max est le fait qu'il montre l'influence de mentors non officiels dans la construction (ou l'éveil) de le nouvelle personnalité d'Hitler. En tant qu'artiste, Rothman voit en lui un potentiel qu'il n'identifie pas pour ce qu'il est dès le début. Il ressent en Hitler une intensité bouillonnante et le pousse à s'exprimer jusqu'à ce qu'il découvre ses talents visionnaires dans les premières représentations d'un monde Nazi. De l'autre coté, le supérieur de Hitler, un officier, entrevoit les idées dangereuses d'Hitler et décide de faire de lui un véhicule de la propagande de ses propres convictions. Ce n'est que par la communication de sentiments profonds, une méthode d'expression acquise par le biais de l'art, et la radicalisation de ses pensées encouragée par l'officier, qu'Hitler deviendra le plus dangereux orateur et dirigeant du monde moderne.

Le film pèche cependant par sa superficialité. En effet, l'action se déroule dans l'Allemagne vaincue de 1918, mais ce contexte historique n'est pas suffisamment mis en relief. Alors que l'on ressent la frustration de la défaite et le besoin d'en trouver les coupables — en l'occurrence, les Juifs — il manque aux personnages le sentiment de fierté pourtant inhérent à leur culture. Sauf à être déjà familiarisé avec les évènements de la Première Guerre mondiale, il est difficile de comprendre sur quels fondements idéologiques repose le Troisième Reich. Le scénario fonctionne sur le mode d'une interprétation libre de la réalité, puisque le personnage de Max est fictif, reprenant les traits de plusieurs personnes réelles, y compris le propriétaire d'une galerie d'art. Tout comme le récent Windtalkers, il faut prendre ce film comme la révélation d'un épisode peu connu de l'Histoire. De plus, l'approche choisie pour ce sujet délicat, celle de la demi-teinte, semble ôter tout coté dramatique à la situation, alors que la fin sous forme de « et si… » n'est pas du tout concluante.

La vie familiale de Max semble avoir été trop amplifiée alors que sa maîtresse, une intéressante artiste aristocratique (Leelee Sobiesky) n'est vue que trop peu. On aurait imaginé que l'artiste d'avant-garde et propriétaire d'une galerie d'art serait bien plus snob que ce que John Cusack nous montre. D'un autre coté, Noah Taylor nous offre une interprétation saisissante d'un personnage évoluant de l'artiste sans talent et en marge de la société, à l'homme sinistre et rempli de haine.

La dernière scène est un beau plan dichotomique qui résume la situation : une monde est en train de mourir et un autre vient de naître.

  Fred Thom
  Traduit en français par Isabelle Desgranges




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