Nid de Guêpes
Réalisé par Florent Emilio Siri
Avec : Benoît Magimel, Samy Naceri, Nadia Fares, Pascal Greggory
Durée : 2:00
Pays : France
Année : 2001
Web : Site Officiel
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Siri se dit appartenir à la « génération du magnétoscope », en effet c'est grâce à cet outil formidable qu'il a découvert que le cinéma est « un art visuel ». Belle trouvaille sur laquelle il a construit son film Nid de guêpes. Partant d'un prétexte censé légitimer son ouvre : la dénonciation
de l'exploitation de plusieurs dizaines de milliers de femmes prostituées
par la mafia albanaise, lui et son scénariste (Jean François Tarnowski)
élaborent le déroulement d'un transit périlleux effectué par la police
française d'un des hommes importants de ce réseau. Le convoi est
attaqué alors par des dizaines de mercenaires à ses services, le fourgon
blindé est contraint de se réfugier dans un entrepôt où du matériel
informatique est en train de se faire rafler par de jeunes braqueurs. Ainsi
flics et voleurs deviendront assiégés par ces mercenaires bien décidés à
délivrer leur chef.
Difficile d'apprécier la complaisance dans laquelle ce film se débat, qui
semble fier d'avoir pour unique but de copier le cinéma d'action américain.
A une période où le cinéma devrait se donner le moyen de prouver qu'il peut
développer une véritable french-touch en y intégrant des éléments
folkloriques (comme l'a fait la musique il y a quelques années maintenant),
tout en utilisant des systèmes classiques (voir mécanique) afin d'assurer l'
efficacité, dans un premier temps. Mais les « grosses productions » ne se
permettent pas cela et se restreigne soit à explorer des voies inédites d'
une manière maladroite (Promenons-nous dans les bois, Le petit poucet) soit
à évacuer l'identité française (Le pacte des loups). Ainsi, au lieu de
réussir, ou même d'essayer d' intégrer une pointe de personnalité dans des
films, on préfère, visiblement se contenter de produits tout aussi formaté
que ce que l'industrie française du cinéma essaye de combattre. Nid de
guêpes en donne la preuve indubitable, en affichant une pseudo appartenance
à un underground cinématographique, mais en réalité il ne fait que exploiter
des schémas déjà utilisés et bien rôdés. Ce copié/collé, quasiment avoué, se
retrouve parfaitement dans les dialogues sans consistances, ineptes, bourrés
de clichés, de bons sentiments dont ils sont affublés, ce qui aboutit à une
absence totale de complexité dans les relations internes aux assiégés, un
maniérisme flagrant qui tue l'intérêt du film.
Mais après tout, le film ne prétend pas nous offrir plus que des bonnes
tueries bien sanglantes entre banlieusards, flics sur armées et mercenaires
sur équipés. Tout fonctionne à la perfection pendant la première moitié du
film, jusqu'à ce que le spectateur soit pris dans l'attente, insatisfaite,
de pouvoir être sous le charme des personnages et d'être ébahit par des
scènes d'action jubilatoires. Seulement, difficile de se mettre sous la dent
autre chose que des rechargements effrénés et vains de fusils à pompe,
insuffisants pour nous faire croire que ces personnages sont bien des héros.
La liste des " références " est assez extraordinaire, et trop longue a
énumérer ici pour quelle soit exhaustive. Si Siri avait copié, des gunfights
à la Woo, comme l'a fait Tsui Hark récemment dans Time and Tide, en
établissant de véritables chorégraphies dans les combats, et en y ajoutant
des petites doses folkloriques, nous aurions eu un film tout à fait
différent. Il a tenté cela -maladroitement- avec des personnages atypiques
de rendre son film un peu original. S'il avait réussi ce pari, à moitié
relevé, le film aurait été jubilatoire, étant donné les moyens mis en
place. Mais non, la mise en scène ne se contente que de champs/contrechamps
même dans les échanges de tirs, bien que le manichéisme facile, déjà bien
présent, soit d'autant plus souligné par cette technique archaïque.
Visiblement la fonction ralenti sur le magnéto de Siri a dû surchauffer. Nid
de guêpes fonctionne à la manière de Yamakasi, exploitant une nouvelle
attente d'un public délaissé jusqu'ici, qui espère trouver un miroir en
guise d'écran de cinéma, peut être afin d'établir une véritable identité
culturelle reconnue du plus grand public
François Quil
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