Selon la loi des séries,l’adaptation d’un show télé pour le grand écran tourne toujours à la catastrophe. Mission Impossible 2 confirme la règle.
Succédant à Brian De Palma, John Woo (The Killer, Hard Boiled, Face Off) réalise ce nouvel épisode des aventures d’Ethan Hunt agent secret en y apportant sa touche personnelle. L’idée de Cruise, était au départ intéressante: confier la réalisation de chaque film à un cinéaste au style différent, se démarquant ainsi judicieusement de l’Autre franchise d’espionnage. Malheureusement, après les roboratives manipulations psychologiques de Mission Impossible 1, M:i-2 convainc d’autant moins qu’il opte pour une action débridée ne s’embarrassant pas d’un quelconque sens du réalisme.
Woo, le champion des fusillades chorégraphiées, tout comme dans le final de Face Off se brûle les doigts avec les $ de son méga-budget. Explosions et poursuites irréelles foisonnent dans un style plus proche d'un Schwarzie que d'un . . . Chow Yun Fat. Il est clair qu’Hollywood a corrompu le réalisateur de Hong-Kong bien qu’il s’en défende. Afin d’écraser le box officece qui est chose faiteWoo cède aux muses du PG13 et édulcore donc la violence qui a fait sa réputation. Il nous offre ainsi des fusillades empoulées surchargées de ralentis pesants. On est loin de la grâce de ses classiques. L’excès de ralentis et l’adoucissement de la violence marquent l’absence cruelle de rythme et d’esthétisme de ces scènes. La présence des habituelles colombesici sans significationvire à l'auto-caricature. Reste que certains passages comme la délirante poursuite à moto dénotent du talent chorégraphique de sa caméra. Le film n’est pas un total fiasco puisqu'il récèle quelques moments forts, mais il tend trop à amplifier le succés commercial de son prédecesseur et d’autres films du genre. Ainsi, outre l’emploi massif et parfois réussi des masquesseuls rescapés de la série mythiqueet le recyclage de la célebre scène acrobatique suspendue, Woo pompe sans vergogne la poursuite en voiture de Goldeneye. Quant au côté psychologique emblématique du show tv, il est ici sacrifié à une histoire absente, où les séquences non-action s’avèrent d’un ennui certain.
Seul véritable attrait du film "Tom Cruise" qui en réalisant la plupart des cascades lui-même apporte une dose de suspense et de réalisme inespérés à ce film prévisible. Son niveau d’implication dans l’interprétation physique du rôle est impressionnante et procure les rares poussées d’adrénaline. Si le film lui permet de démontrer ses prouesses physiques d'acteur, il confirme aussi ses talents de producteur. Côté faire-valoir, on notera dans un rôle à la Catherine Zeta-Jones (Woo aurait-il vu Entrapment?) la présence de Thandie Newton qui passe la plupart du film à se ballader avec un t-shirt sans soutien-gorge. Quant à Anthony Hopkins, il fait une furtive apparition juste le temps d'encaisser son chèque.
Si il y a une mission impossible, c’est bien celle de rendre hommage à la série culte des années 60. Les deux films qui s’en inspirent guère ne font qu’assombrir le souvenir du show et devraient donc avoir un titre différent . S' il est clair que le titre M:I-2 est d’un marketing accrocheur, il a au moins l’avantage de se détacher de l’image de marque de la série.
M:i-2 renie son inspirateur et consacre l’aliénation Hollywoodienne de Woo.