Avec : Ralph Fiennes, Gabriel Byrne, Miranda Richardson, Bradley Hall
Durée : 1:38
Pays : Canada/GB
Année : 2002
Web : Official Site
|
|
Après un long internement en hôpital psychiatrique, M. Cleg (Ralph Fiennes) est envoyé dans un foyer de réinsertion, situé dans le quartier de son enfance. Insensiblement, il revit le drame qui a ruiné son existence. Son père (Gabriel Byrne) a assassiné sa mère (Miranda Richardson) pour la substituer à une ignoble et vulgaire prostituée dont il s'était épris. Mais tout ceci est-il bien la réalité ? Celui que sa mère surnommait Spider ne s'est-il pas réfugié dans la folie pour se soustraire à une vérité beaucoup plus effrayante ?
Le film de David Cronenberg était très attendu sur la Croisette. Le cinéaste avait déjà fait scandale en 1996 avec Crash. Les échos qui précédaient ce dernier opus étaient plus que favorables. A l'arrivée, un film maîtrisé de bout en bout, éclairé remarquablement, tout en intériorité…mais décevant ! En effet, toute l'intrigue repose sur le coup de théâtre final sur lequel se referme ce film étrange.
Cronenberg délaisse ses univers organiques pour une fiction très cérébrale. Le film est une incursion dans le cerveau malade d'un homme morcelé, thématique qui ne devrait pas laisser insensible un David Lynch familier de ce type de narration. Mais précisément, Cronenberg souffre de la comparaison. Il use en effet de procédés filmiques grossiers, par trop explicatifs, comme la présence dans chaque plan du personnage principal, partageant le cadre avec son double enfant. Spider assiste en témoin muet à la répétition du drame qu'il a vécu. La fiction est à l'image du puzzle qu'il s'emploie à recomposer et des toiles qu'il tisse à l'aide de cordes. Le film consiste à démêler ce réseau dense de lignes, à dévider l'écheveau complexe de la fantasmagorie du héros. Cependant, le spectateur n'a pas le loisir de se perdre dans ses méandres narratifs, ce qui constitue un manque. Tout comme dans Existenz, la fin du film repose sur le basculement d'une réalité à l'autre, effet un peu facile.
Spider souffre donc de son manque d'opacité, de l'exploration de ces zones d'ombres qui avaient fait le mystère et la singularité du cinéma de Cronenberg. Reste l'interprétation fiévreuse, habitée et très intérieure de Ralph Fiennes, mais quelque peu poussive par endroits. Ce personnage s'assimile à l'araignée dont il porte le surnom. Spider est un habitant de l'ombre, tissant la toile de sa propre perdition.