critique de Stay
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Esthétisant et perturbé, le long métrage de Marc Foster (À L'Ombre De La Haine, Neverland) ausculte les pérégrinations du praticien chamboulé glissant dans le subconscient tarabiscoté de son patient. Efficace durant quarante minutes cette chute fluide vide de sens s'accompagne de détraquements convenus, de césures distendues - fractures d'espace-temps - ou de correspondances tressautantes. Mais la carence d'aspérités de cette mécanique lisse finit par déshumaniser, amenuiser ou condenser le propos pour se focaliser uniquement sur la forme. Le destin abjuré se double alors d'un blocage des perspectives (horizon bouché) et de cadres éconduisant la moindre émanation d'horizontalité pérenne. Syndrome attenant au piètre Neverland (création excentrique de l'imaginaire basée sur les bribes d'une observation) les protagonistes rigides et absents - triste errance de Naomi Watts ou Bob Hoskins - se dépassionnent concomitamment à l'intrigue pour adouber une pathétique dégénérescence. Celle-ci se concluant dans un terne et indigent régime d'aporie. Triste résultat d'un film entièrement tourné vers sa faible révélation finale qui, une fois divulguée à grand renfort d'artifices ostentatoires, rend caduque la projection. De ce marasme inepte nous ne relèverons qu'une volonté séduisante : incarner physiquement le processus de montage. Démarche antithétique à celle de Yann Dedet sur Le Pays Du Chien Qui Chante par exemple puisqu'elle ne cherche aucunement à s'attarder sur ses potentialités ou vertus intrinsèques mais seulement sur ses déflagrations ou démonstrations physiques. Graphiquement donc les scènes s'aspirent, le spectateur enchaînant les séquences comme on traverserait des trous d'air. Et, lorsque Stay se paie le luxe de donner en pâture à son auditoire ce type de sensations, lui évitant le moindre soubresaut intellectuel, son montage palpable se meut en une sordide locution. |
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