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Un informateur, proche des agents fédéraux Sonny Crocket et Ricardo Tubbs, voit sa compagne exécutée, suite à une affaire de stupéfiants, pilotée dans l'ombre par de hautes instances hiérarchiques. Commence alors une mission d'infiltration pour les deux acolytes. Lancés sur la piste des tueurs, des activistes nazi, ils remontent la filière jusqu'à un réseau international de narco-trafiquants. L'organisation, aux ramifications denses, compte à sa tête une spécialiste des blanchiments d'argent et des transferts de fonds. Une idylle délétère, qui pourrait bien compromettre le bon déroulement des opérations, se noue entre la séduisante administratrice financière et Sonny. Cinéaste de la stase, Michael Mann avait, en 1985, déjà écrit le scénario d'un épisode de la série qu'il adapte aujourd'hui avec une liberté de tous les instants. Prise de risque maximale qui accompagne chacun de ses plans visuellement somptueux : les scènes d'action s'effacent au profit d'une exploration de la psychologie tourmentée des protagonistes. L'intérêt ne porte plus tant sur le célèbre duo de flics que sur les relations homme/femme, thème récurrent exploré par l'auteur. Insensiblement, la fiction se déplace sur le couple formé par l'agent ténébreux et la belle asiatique, interprétée par une Gong Li, plus émouvante que jamais, quand la série misait sur la complicité inébranlable de Sonny et de Ricardo. Ce dernier disparaît même à l'image le temps d'un long segment émotionnellement fort, axé sur une histoire d'amour condamnée. Tour de force d'un réalisateur au sommet de son art et vraie gageure que de se focaliser sur la conjugalité, qui insufflait déjà à Heat son caractère tragique et son opacité. Mann diffère sans cesse l'attente spectatorielle, allant jusqu'à détourner des séquences entières de leur objet. Ainsi, les scènes érotiques, sorte de passages obligés dans l'imaginaire sexy de la série, donnent lieu à une réaffirmation des enjeux narratifs quand elles ne les fécondent pas. Pour autant, Michael Mann rivalise de savoir-faire, s'agissant de filmer des scènes d'action (il l'a abondamment prouvé auparavant), lesquelles n'interviennent ici que dans le dernier tiers du film. Viscérales, magistralement menées, elles se chargent, comme toujours, d'une dimension physique ahurissante. En témoigne la longue fusillade où se déplient toutes les intrigues et où les trahissons se révèlent (Isabella découvre le vrai visage de son amant). L'intime fait retour, là où on ne l'attend pas : dans la furie de l'action. Mann, à l'instar de Sonny, " sait ce qu'il fait " et en pleine possession de ses moyens, livre là l'une des plus belles scènes de son cinéma. Ce Miami Vice nouvelle version en déroutera à coup sûr plus d'un. Loin de renoncer à son style contemplatif et à son univers intimiste, le cinéaste les impose dans un polar de haute tenue qui détonne non seulement avec les attendus de la commande mais surtout avec la production actuelle. Michael Mann est un cinéaste rare qui croit encore à l'honneur.  |
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