Avec : Brad Pitt, Eric Bana, Orlando Bloom, Brian Cox
Scénario : David Benioff
Titre Original : Troy
Durée : 2:45
Pays : USA
Année : 2004
Site Officiel : Troie
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Il semblerait que Wolfgang Petersen, réalisateur de cette version gonflette de l'œuvre d'Homère, n'ait pas su tirer la leçon enseignée par le succès inopiné de Gladiator, à savoir que cet ultime soubresaut d'un genre éculé était le fruit d'une modernisation stylisée et réaliste, débarrassée de toutes les fioritures caricaturales qui avaient conduit le péplum à sa perte.
Le choix de Petersen aux commandes est d'autant plus étonnant que le cinéaste allemand s'est fait surtout connaître avec une série de films inégaux tournés en huis-clos, que ce soit en sous-marin (le soporifique Das Boot), en avion (le grotesque Air Force One) ou en bateau (le très moyen A Perfect Storm).
Si l'histoire de l'assaut de Troie et sa conclusion à l'aide du fameux cheval a fait rêver plus d'un d'entre nous alors que nous usions les bancs de l'école en culottes courtes, Petersen est incapable de réveiller l'enfant qui sommeille en nous durant les deux premiers tiers du film : sa réalisation est pataude et malheureusement alliée à une cinématographie flouée qui masque vainement les décors artificiels CGI, et à un jeu d'acteurs qui oscille entre ridicule Brad Pitt bronzé prenant des poses très Vogue, les sourcils froncés et anachronisme Brian Cox dans une de ses incarnations les moins inspirées.
Il faut attendre le duel entre Hector (Eric Bana) et Achille (Pitt) pour que le film prenne enfin son court envol, que ce soit au niveau de l'action c'est le seul combat réussi, Petersen n'ayant aucune maîtrise lors des batailles rangées ou de l'émotion la grande scène du film est sans aucun doute lorsque le roi (Peter O' Toole) demande la dépouille de son fils à Achille.
Si Troie tente maladroitement de lorgner vers Gladiator, on remarquera aussi ses aspirations à être une sorte de post Seigneur des Anneaux, ne serait-ce que par la présence de Sean Bean et Orlando Bloom serais-je le seul à être fatigué de voir Bloom en archer magnifique ? tandis que le film n'en est pas pour autant dénué d'un aspect homo-érotique voir comment la caméra caresse le corps de Pitt. Quitte à arborer fièrement son « Rating R », Troie y aurait certainement gagné à accentuer la violence comme l'érotisme, tel le Titus de Julie Taymor (Frida), au lieu de nous titiller pour ensuite rapidement se cacher derrière des angles puritains hypocrites.
Pris au pièges de cette « glamorisation » cinématographique inutile, il ne nous reste plus qu'à nous accrocher à la trame homérienne et à nous délecter d'enfin voir un film Hollywoodien où le véritable héros (Hector) meurt assez tôt et où le personnage central s'avère être un « vilain » ; mais ça ni Petersen, ni le scénariste, ni les producteurs n'y sont pour quelque chose.