En 1937, Pagnol agrandit sa société en installant studios, distribution et annexes techniques dans le quartier de St Giniez près de l'avenue du Prado, au 3 Impasse de l'Eperon [qui deviendra l'Avenue J. Mermoz]. Pour Pagnol, « ce sera l'Holywood français ».
Pour réaliser Regain dont l'action se passe dans un village en ruines, Pagnol part en repérage dans les Alpes de Haute Provence à la recherche d'un village en ruines. L'endroit choisi étant difficile d'accès, il en fait construire une réplique par Marius Broquier sur le promontoire des barres de Saint Esprit dans le Garlaban. On y trouve une rue bordée de maisons en ruines, un moulin, une forge et la maison de Panturle personnage du film. A l'extrémité du promontoire, au bord du précipice, une église est érigée. Le village est baptisé Aubignane, comme dans le roman de Giono. Il n'en reste que des ruines aujourd'hui, l'endroit n'ayant était épargné ni par l'usure du temps ni par les vandales. Orane Demazis, Gabriel Gsbrio et Fernandel y tiennent les rôles principaux.
1937 verra également le tournage du Schpountz dont l'histoire, l'ascension d'un homme simple, rappelle Topaze. Aux cotés de Fernandel dans le rôle du schpountz, on retrouve Orane Demazis et l'inégalable Charpin. On gardera, entre autres, le souvenir amusé de la scène des anchois des tropiques
Un an plus tard, Pagnol tourne La femme du boulanger (photo à gauche), une adaptation d'un épisode du roman de Giono Jean de Bleue. Autour de Raimu dans un de ses plus beaux rôles (on se souvient plus particulièrement de sa scène d'ivresse et de sa tirade avec sa chatte pomponette) on retrouve Ginette Leclerc, Charpin et Robert Vattier ( Mr. Brun de la Trilogie). Les extérieurs sont tournés dans le village du Castelet près de Toulon. Des raccords en gros plans seront réalisés en studio, Raimu rechignant à tourner en extérieur. La première projection aura lieu à Marseille au cinéma Le César situé place Castellane
Tourné en 1940, La Fille du Puisatier (poster à droite) met en présence Raimu et Fernandel, deux stars dont les rapports ne seront pas toujours au beau fixe. Josette Day y tient le rôle titre. Le film est un succès. Il semble que Pagnol ait projeté de réunir à nouveau Fernandel et Raimu, mais la mort subite de ce dernier en 1946 mit fin à ce projet.
En 1940 après l'Armistice, Marseille, tout comme Nice, devient une capitale des arts, du théâtre et du cinéma avec la venue d'artistes et d'intellectuels fuyant un Paris occupé. Cette situation durera jusqu'à la l'entrée des troupes allemandes en zone libre en novembre 1942. C'est à cette époque que Pagnol achète le château de la Buzine doté d'un parc de 40 ha à Saint Menet dans la banlieue marseillaise, dans le but d'en faire la cité du cinéma « Hollywood-en-Provence ». Pour diverses raisons ce projet ne verra jamais le jour.
En 1941 Pagnol commence le tournage de La Prière aux Etoiles, qu'il a écrit pour Josette Day, entourée de Pierre Blanchard et Jean Chevrier. L'action se passe à Paris et a Cassis. Mais les critiques de la censure et le manque de matériel le forceront à arrêter définitivement la production. La renommé de Pagnol est si grande que bientôt les allemands lui demandent de travailler pour eux. Sans donner de réponse, Pagnol ferme ses studios, et s'éclipse précipitamment. On ne le reverra qu'après la Libération lorsqu'il reprendra ses activités cinématographiques. Entre temps il vend ses studios de Marseille à la Société Nouvelle des Etablissements Gaumont. Ils seront revendus deux fois, puis fermeront définitivement, sous le nom « Franstudios », à la fin des années quarante. Désabusé Pagnol renonce à son rêve de « L'Holywood français » et devient responsable artistique de la production aux studios de Marseille et de la région parisienne.